Mile End

L’ancienne ville de Saint-Louis-du-Mile-End, annexée à Montréal en 1909, fut ensuite occupée par de nombreuses manufactures de vêtements qui contribuèrent à l’arrivée de plusieurs générations d’immigrants dans le secteur. Puis, avec le déclin de l’industrie du textile, les artistes, écrivains et musiciens s’installèrent dans le quartier, qui devint rapidement reconnu pour son avant-garde culturelle, ses galeries d’art et ses petits cafés sympathiques. Suivirent ensuite de nombreuses entreprises spécialisées dans les jeux vidéos, le développement de logiciels et l’intelligence artificielle, visiblement attirées par le bouillonnement culturel des lieux et les anciens locaux industriels.

Le quartier, situé aux limites nord-ouest du Plateau Mont-Royal, a donc aujourd’hui un petit quelque chose d’hétéroclite. Quelques pas suffisent pour croiser à la fois des Juifs hassidiques attachés à leurs traditions, des artistes rêveurs et des développeurs de logiciels informatiques. Ici, quelques rues fleuries alignent les maisons bourgeoises aux pignons colorés. Là, les anciennes manufactures de béton et bâtisses industrielles de briques rouges imposent leur présence historique. Et entre les deux, des terrains en friche sont pris en main par des artistes qui y installent leurs sculptures ou des citoyens qui cherchent à en préserver la biodiversité.

Du Jardin des Crépuscules au Champ des Possibles, en passant par les rues résidentielles verdoyantes, les imposants immeubles à appartements de l’avenue du Parc et les petites rues commerçantes où se côtoient les bagels, les glaces artisanales et les bières de microbrasserie, je t’invite aujourd’hui à découvrir ce secteur de Montréal où tout semble encore possible.

Bienvenue dans le Mile End, bienvenue dans… Mes Quartiers! 🙂

Voici ta carte:

clique pour agrandir!

1) La bibliothèque Marc-Favreau et le parc Luc-Durand

Ton aventure débute aujourd’hui à la station de métro Rosemont (ligne orange). Quelques pas dans l’arrondissement voisin du Plateau te seront nécessaires avant d’atteindre le Mile End… Mais ce n’est pas sans intérêt! 😉

Monte l’escalier et sors de l’édicule par la droite, du côté du boulevard Rosemont. Tourne à droite (direction est) sur ce dernier et marche jusqu’à la bibliothèque Marc-Favreau.

Si tu as déjà fait mon circuit de La Petite-Patrie, tu reconnaîtras la bibliothèque, car le début du trajet est le même. Ouverte en 2013, elle est toujours aussi populaire! Nommée en l’honneur du comédien derrière le personnage de Sol, qui jouait si bien avec les mots, son intérieur baigne dans la lumière du jour grâce à ses immenses murs de verre qui la laissent entrer abondamment.

Tourne à droite (sud) sur le sentier qui longe la bibliothèque et le parc.

Le parc Luc-Durand rend quant à lui hommage au comédien qui interprétait Gobelet, le comparse de Sol au petit écran. À gauche, les fenêtres en losange de la bibliothèque rappellent l’habit de Sol. En face, les anciens ateliers municipaux ont fait place au Quartier 54, nommé ainsi en raison du tramway no.54 qui passait sur le boulevard Rosemont.

Le sentier rejoint la rue de Saint-Vallier. Poursuis ta marche sur celle-ci (sud).

La rue de Saint-Vallier longe les habitations de la coopérative écologique Le Coteau Vert, où habite le ministre fédéral et ancien militant écologiste Steven Guilbault. Les logements sont organisés autour d’une cour intérieure où on trouve un bassin de rétention et des tables de pique-nique afin de favoriser les activités entre voisins.

Au bout de Saint-Vallier, traverse la rue des Carrières pour atteindre le sentier qui borde la voie ferrée.

2) Le parc linéaire du Réseau-Vert

Le parc linéaire qui borde la voie ferrée du Canadien Pacifique fait partie du Réseau-Vert. Long de trois kilomètres, il est fréquenté par de nombreux piétons et cyclistes.

De la rue Fullum à la rue Beaubien, ce sentier a rendu les abords du chemin de fer beaucoup plus sympathiques qu’ils ne l’étaient auparavant. Des bancs ont été installés et quelques curiosités attirent parfois l’attention, comme cette mosaïque sur ta gauche:

Le parcours est aussi parsemé de panneaux explicatifs qui rappellent l’histoire de ce secteur industriel en pleine transformation. Ils présentent une carte qui te permet de savoir où tu es rendu et où se trouve les aires de repos et fontaines à boire les plus près. Pratique!

Tourne à droite (ouest) et suis le sentier.

Le sentier passe par-dessus la rue Saint-Denis et continue derrière de beaux édifices industriels de briques rouges, occupés par une entreprise qui fabrique des serrures et autres produits de sécurité.

Au passage, tu croises parfois de beaux graffitis…

Puis, tu longes une aire d’exercices, des tables de pique-nique, et une aire de repos qui s’ouvre sur ta droite avec ses chaises longues colorées. Tu peux faire une pause si tu veux. Mais ne t’arrête pas trop longtemps, car ton circuit ne fait que commencer: tu n’es même pas encore entré dans le Mile End! 😉

Derrière les chaises longues, tu aperçois le viaduc Van Horne, surélevé. Un escalier te permet d’y monter. Une fois en haut, tourne à gauche (ouest).

3) Le viaduc Van Horne

Le viaduc s’offre présentement une cure de rajeunissement. Au moment d’écrire ces lignes, les travaux sont en pause pour l’hiver et reprendront en mai 2020. Mais le trottoir devrait en principe demeurer accessible.

On ne sait pas trop ce qu’il adviendra réellement du viaduc, puisque les travaux ne visent qu’à prolonger sa vie d’une dizaine d’années. On comprend cependant pourquoi certains intervenants demandent encore sa piétonisation partielle, car la vue qu’il offre sur la ville est particulièrement inusitée!

Ton regard plonge tout d’abord sur les tables de pique-nique et l’aire de repos d’où tu arrives. Puis, en levant à peine les yeux, l’immense murale d’Ola Volo, une artiste montréalaise née au Kazakhstan, apparaît dans toute son ampleur. Elle se trouve en fait au Champ des Possibles, que tu exploreras en fin de parcours!

Walla Volo (2019)

En marchant vers l’ouest, la plus belle perspective que l’on puisse avoir sur l’église Saint-Michael s’ouvre à toi. L’immense dôme et le minaret se présentent avec le mont Royal comme toile de fond, ce qui n’est pas rien! Une autre attraction du Mile End que tu découvriras tantôt… 🙂

Au loin, vers l’ouest, tu peux aussi apercevoir l’emblématique tour art déco de l’Université de Montréal, que tu as déjà vue de plus près si tu as parcouru mon itinéraire de Côte-des-Neiges. Sans oublier le monumental pensionnat du Saint-Nom-de-Marie, qui date de 1905.

Le côté nord du viaduc présente également un certain intérêt. Tu peux notamment apercevoir au loin les clochers de cuivre néo-gothiques de l’église Saint-Édouard qui s’élèvent à plus de 60 mètres au-dessus de la rue Beaubien.

Plus près de toi, l’entrepôt Van Horne marque l’entrée du Mile End. Enserré entre la voie ferrée et l’avenue Van Horne dont il épouse la forme, l’édifice en brique et en béton de sept étages est surmonté d’un des derniers châteaux d’eau industriels de la ville…

Le viaduc te fait longer l’entrepôt tout en descendant au niveau du sol. Puis, au coin de Saint-Urbain, tu aperçois un espace en friche du côté nord de l’avenue Van Horne: c’est le Jardin du Crépuscule!

4) Glen LeMesurier et son Jardin du Crépuscule

Depuis 20 ans, Glen LeMesurier installe ici ses sculptures qu’il réalise dans son atelier quelques portes plus loin.

Le Jardin du Crépuscule est maintenant un espace vert protégé où tu peux, beau temps mauvais temps, marcher au milieu d’une trentaine de sculptures conçues à partir de matériaux recyclés.

Poursuis ta route vers l’ouest.

L’édifice adjacent est le siège social des Toits Vertige. Ce nom ne te dit peut-être rien, mais cette entreprise est un acteur majeur dans la révolution verte que vit Montréal depuis quelques années!

En plus d’avoir réalisé de très nombreux toits verts et toits terrasses pour des édifices gouvernementaux, des écoles, des édifices à condos et des édifices commerciaux, Toits Vertige en a aussi réalisé d’autres dans des endroits plus connus que tu as peut-être déjà vus. Qu’on pense au Planétarium…

…au nouveau complexe des sciences de l’Université de Montréal (campus Outremont), à l’esplanade Clark en cours d’aménagement dans le Quartier des Spectacles, au nouvel espace paddock du circuit Gilles-Villeneuve, ou au spectaculaire toit vert du Grand Quai du Vieux-Port (l’ancienne Jetée Alexandra)! Une feuille de route impressionnante…

Juste après les Toits Vertige, tu passes devant l’atelier de Glen LeMesurier, au 135 de l’avenue Van Horne. Tu arrives alors au coin de la rue Waverly, que je t’invite à emprunter.

Tourne à gauche (sud) sur Waverly.

Cette première incursion sur une rue résidentielle du Mile End te permet de découvrir les jolies maisons du quartier.

Mais aussi de réaliser à quel point certains artistes montréalais rayonnent dans leurs quartiers respectifs. La volonté de Glen LeMesurier de voir l’art intégrer l’espace public et la vie de tous les jours s’est en effet concrétisée ici, sur la rue Waverly, où les résidents ont accepté d’installer une vingtaine de ses oeuvres sur leurs terrains.

le dilemme de l’alchimiste, Glen LeMesurier (2015)

Je t’invite donc à être très attentif! Ses oeuvres parsèment les cours de nombreuses maisons des deux côtés de la rue ainsi transformée en véritable musée de sculptures à ciel ouvert… Un petit écriteau indique normalement le nom des oeuvres et leur année de création.

pompe de nuages, Glen LeMesurier (2012)

Marche jusqu’à la rue Bernard et tourne à droite (ouest) sur celle-ci.

5) La rue Bernard

Quelques pas suffisent pour te faire passer sous les nombreuses cages d’oiseaux vides qui parent la façade du Dragon Flowers, une véritable institution dans le quartier. La propriétaire d’origine chinoise y vend des fleurs depuis plus de 30 ans! Son commerce a même survécu à un incendie, en 2013, grâce à une levée de fonds organisée par les résidents du quartier…

Au coin de rue suivant -avenue de l’Esplanade- tu retrouves avec plaisir une autre oeuvre de Glen LeMesurier, devant un resto coréen. Elle est composée de trois parties et s’intitule Le Ballet pour les pauvres:

Poursuis ta marche vers l’ouest.

Malheureusement, plusieurs commerces ont fermé ces dernières années. Malgré les nombreux locaux vacants, l’avenue Bernard demeure cependant fleurie et agréable.

Le mieux que nous puissions lui souhaiter est une résurrection à l’image de celle qu’a vécue sa célèbre fleuriste… Le Mile End regorge de tant de talents et de créativité, que tout est possible! 🙂

murale réalisée par le collectif Le Bled, sur le mur de la boutique Bref, dans la ruelle entre Jeanne-Mance et Du Parc

Traverse l’avenue du Parc et tourne à gauche (sud) sur cette dernière.

6) L’avenue du Parc

De l’autre côté de la rue, impossible de manquer l’imposante façade du Théâtre Rialto (1924). Elle s’inspire de l’Opéra Garnier à Paris, avec notamment ses multiples balcons encadrés de colonnes et ses frontons cintrés à chaque extrémité.

L’édifice de style Beaux-Arts, conçu par l’architecte Joseph-Raoul Gariépy, possède encore sa marquise lumineuse originale.

L’intérieur néo-baroque, décoré par Emmanuel Briffa, a bien failli être démoli par un promoteur, en 1987, qui voulait transformer le théâtre en centre d’achat! La pression populaire eut raison du projet et le théâtre fut classé immeuble patrimonial. À partir de 2010, son nouveau propriétaire le restaura progressivement, en conformité avec son apparence et ses décors originaux.

détails de la façade

Poursuis ta marche en direction sud.

Pendant la belle saison, tu croiseras inévitablement quelques étals colorés de fruits et légumes…

De l’autre côté de l’avenue, au 5677, la restauration récente de l’ancienne banque d’épargne de la Cité et du district de Montréal a fait réapparaître la façade originale de style Beaux-Arts, cachée depuis 1975 sous une façade d’aluminium de mauvais goût.

Outre les fruiteries…

…l’avenue du Parc comporte deux ou trois restos grecs parmi les plus huppés en ville, comme le Rodos.

Après avoir franchi la rue Saint-Viateur, tu te retrouves assez vite devant l’ancienne Church of the Ascension, maintenant devenue la bibliothèque Mordecaï-Richler! La petite église anglicane de 1905 a en effet été transformée en bibliothèque municipale en 1993… Son extérieur en briques rouges a été préservé, et les agrandissements réalisés à l’arrière et sur le côté ont été faits dans le respect de l’apparence originale du bâtiment.

Au moment d’écrire ces lignes, la bibliothèque est inaccessible en raison de travaux. Mais si elle est réouverte au moment de ton passage, ça vaut la peine d’aller jeter un oeil à l’intérieur! L’ancienne structure de bois de l’église est encore présente, de même que les arches. Au bout des allées de livres, on peut aussi apercevoir avec étonnement les anciens vitraux, qui n’ont rien perdu de leur éclat! Une transformation réussie qui a permis à la bibliothèque de s’introduire dans mon Top 15 des plus belles églises converties à Montréal

Juste en face, de l’autre côté de l’avenue, tu aperçois un exemple typique d’immeuble construit autour d’une cour intérieure: les appartements Otway (1912). Le développement de l’avenue du Parc, au début du XXième siècle, a d’ailleurs été marqué par la construction de très nombreux immeubles à appartements du genre…

En poursuivant ta marche, tu arrives bientôt à une traverse piétonne: c’est ici que tu passeras bientôt de l’autre côté de l’avenue du Parc. Mais avant, cela vaut la peine de faire quelques pas de plus, pour jeter un oeil sur un étonnant ensemble résidentiel: la coopérative d’habitation du Châtelet!

Les anciens et magnifiques appartements Fairmount Court, construits de 1904 à 1912, ont été conçus par l’architecte Joseph Perrault. Négligés par leur propriétaire au début des années 70, une majorité de locataires décidèrent, en 1977, de les acheter pour les transformer en coopérative d’habitation. Les pavillons nord et sud sont essentiellement de type renaissance française. Le corps central a été ajouté ultérieurement…

Reviens sur tes pas et profite du feu de circulation pour traverser de l’autre côté de l’avenue du Parc. Tourne à gauche et marche en direction nord.

Au 5375, le restaurant Taza Flores propose des tapas parmi les meilleurs en ville. Au menu, on trouve notamment la tartare de boeuf…

…et le ceviche de tilapia au lait de coco.

Les petits plats sont servis dans une ambiance chaleureuse. Le décor a d’ailleurs été entièrement refait ces dernières années… Un beau petit restaurant où sortir un samedi soir!

Tourne à droite (est) sur la rue Saint-Viateur.

7) La rue Saint-Viateur et son église

Dans la première ruelle, côté nord, se trouve une grande murale d’Ola Volo. Tu te rappelles: tu en as vu une autre réalisée par elle au début de ton circuit, lorsque tu marchais sur le viaduc Van Horne?

Juste en face se trouve la célèbre boulangerie St-Viateur Bagel. Ouverte tous les jours, 24 heures sur 24, elle fabrique ses bagels à la main depuis 1957!

Poursuis ta marche vers l’est.

Un immense dôme commence à apparaître au loin, au-dessus des édifices à appartements.

La rue Saint-Viateur présente une atmosphère hétéroclite, caractérisée par un heureux mélange des genres. Ici, un petit quelque chose d’alternatif et décalé est présent dans l’air…

On croise aussi bien quelques Juifs hassidiques, bien ancrés dans leurs traditions…

…que des bancs publics résolument contemporains. De véritables oeuvres d’art, à l’image de la créativité du Mile End!

Quelques pas de plus et tu arrives en face de l’église Saint-Michael’s and Saint Anthony’s. Inaugurée en 1915, elle ressemble davantage à une mosquée qu’à une église chrétienne! Probablement à cause de son clocher, qui a des airs de minaret et qui s’élève au-dessus d’un immense dôme en cuivre.

Si la porte est ouverte, n’hésite surtout pas à entrer, car l’intérieur de style néo-byzantin en met plein de la vue! Il suffit de s’asseoir discrètement à l’arrière pendant la messe pour être déjà surpris par l’immense espace dégagé et les gigantesques vitraux en hémicycle qui prennent place de chaque côté de la nef…

Puis, lorsque les fidèles sortent, c’est le temps de s’avancer pour admirer le dôme. Ses dimensions donnent le vertige: c’est le deuxième plus gros à Montréal, après celui de l’oratoire Saint-Joseph!

À l’intérieur est peint Saint-Michel qui triomphe d’un serpent à sept têtes représentant les sept péchés capitaux. Tout autour, les motifs floraux abondent, alors que des anges en trompe-l’oeil jouent de la musique…

Aux quatre coins du dôme, là où les arcs finissent, se trouvent de petits balcons qui encadrent les vitraux latéraux.

Le style unique de cette église, son immense dôme, ses vitraux latéraux, son curieux clocher, et évidemment son décor peint par Guido Nincheri, lui ont valu une place dans mon Top 20 des plus belles églises à Montréal!

Retourne à l’extérieur.

Je pourrais t’amener un coin de rue plus loin, au Pub Bishop and Bagg: l’établissement aux allures de pub irlandais sert des cocktails parmi les meilleurs en ville, dans un décor rustique et chaleureux. Mais j’ai encore trop de choses à te faire découvrir! 😉

Profite du feu de circulation au coin de Saint-Laurent pour traverser de l’autre côté de la rue Saint-Viateur, puis reviens sur tes pas, en direction ouest.

Le café italien Olimpico et sa populaire terrasse marquent le coin de la rue Waverly depuis 50 ans. Au-dessus, les balcons arrondis et le pignon de l’édifice sont impossibles à manquer…

Tourne à gauche (sud) sur Waverly.

8) La rue Waverly

Tu retrouves maintenant la rue Waverly, que tu as déjà explorée un peu plus au nord. Et les oeuvres de Glen LeMesurier qui, oui, s’étendent jusqu’ici!

Il s’agit selon moi d’une des plus belles rues résidentielles du quartier. Verdoyante à souhait, on y trouve plein de maisons avec des fenêtres en oriel…

…et d’autres à pignon avec leurs longs balcons.

À mi-chemin, un passage piéton permet de rejoindre les rues adjacentes.

Puis, au 5300, s’étale une autre série de belles maisons en retrait du trottoir, avec leurs longs balcons couverts, leurs colonnes, leurs petits frontons… Sur le terrain avant, si tu regardes bien, tu verras le Poisson jurassique, de Glen LeMesurier.

Enfin, la rue se termine sur une série de maisons en pierre dont les fenêtres en oriel sont surmontées de balcons… Il y a décidément beaucoup de variété architecturale sur cette rue! 🙂

Tourne à gauche (est) sur Fairmount.

9) Fairmount et Laurier Ouest

Une fois la rue Saint-Urbain franchie, tu passes devant le Fairmount Bagel. Le commerce a ouvert en 1949, après que son propriétaire eut déménagé la Montreal Bagel Bakery qui se trouvait près de la rue Saint-Laurent. C’est cette dernière qui aurait, dit-on, introduit le bagel en ville dès 1919!

Quelques portes plus loin, on trouve une autre institution: le KemCoba. Sa renommée ne lui vient pas de sa longévité, car le commerce n’existe que depuis 10 ans, mais de ses glaces et sorbets artisanaux qui font partie de mon Top 10 des meilleurs en ville! Le couple formé d’un pâtissier français et d’une pâtissière et chocolatière d’origine vietnamienne concocte des produits aux saveurs plus que surprenantes et jamais artificielles. Amande et framboise, pomme et cannelle, gâteau au fromage et fraise, bleuet et miel, orange et coco: les combinaisons gagnantes ne manquent pas! Il faut être prêt à faire la file avant de pouvoir déguster les glaces, mais elles sont si bonnes que ça en vaut franchement la peine. Parmi mes préférées jusqu’ici: le sorbet lime et menthe, et l’exquise crème glacée au beurre salé!

Juste en face, de colorés bancs publics ont été installés, pour le plus grand plaisir de la foule qui se présente ici.

Au coin de la rue Clark, comme s’il manquait d’institutions sur Fairmount, on trouve le casse-croûte Wilensky. Dans un décor demeuré presque intact, on y sert le même sandwich salami de boeuf, bologne et moutarde depuis 1932. Sans oublier des boissons gazeuses faites maison. Un véritable voyage dans le temps! N’hésite pas à aller mettre ton nez dans leur vitrine pour jeter un oeil sur l’intérieur… 😉

Tourne à droite (sud) sur la rue Clark et marche jusqu’au coin de rue suivant.

Au coin de Laurier, si tu regardes à droite (ouest), tu remarqueras avec étonnement que le vieux Lave-Auto Laurier a été transformé en véritable oeuvre d’art! Réalisée par l’artiste californien Joshua Vides, l’installation donne l’impression, avec ses fausses portes et fenêtres, que le lave-auto a été dessiné à la main sur un bout de papier. Surprenant!

Tourne à gauche (est) sur la rue Laurier.

Sur le coin, tu croises tout d’abord le Dieu du Ciel!, une des meilleures microbrasseries à Montréal. Je pourrais essayer de te parler de leurs produits en long et en large, mais ce serait peine perdue: toutes leurs bières sont bonnes, point! Ce n’est pas compliqué… Et c’est la raison pour laquelle on fait souvent la file pour entrer. Mais rassure-toi: l’attente n’est jamais longue pour trouver une table, et alors la dégustation peut commencer. C’est définitivement un endroit où on se sent bien, sans tape-à-l’oeil, entouré d’une clientèle sympathique de tous les âges.

Rendu à la rue Saint-Laurent, l’ancien hôtel de ville de Saint-Louis-du-Mile-End (1905) a des airs de véritable petit château français, avec ses différents volumes et sa majestuosité! Sa tour s’élève telle le donjon d’un château fort. L’édifice sert encore aujourd’hui de caserne de pompiers…

Traverse la rue Saint-Laurent, puis tourne à droite et traverse l’avenue Laurier pour pénétrer dans le parc Lahaie.

10) Le parc Lahaie, sa fontaine et son église

Le parc Lahaie a été entièrement réaménagé en 2014, date à laquelle on lui ajouta une fontaine décorative animée d’une quinzaine de jets d’eau.

Assis près d’elle, on peut admirer un des plus beaux clochers de la ville, celui de l’église Saint-Enfant-Jésus-du-Mile-End, qui date de 1858. La fontaine permet de mettre en scène l’exubérante façade dont les éléments néobaroques sont dignes d’une église latino-américaine typique. Un premier étage de 6 colonnes en supporte ensuite d’autres, de plus en plus étroits, formés de colonnettes, niches et médaillons. Un clocheton domine l’ensemble.

L’église a été conçue par les prolifiques architectes Victor Bourgeau et Joseph Venne. Si tu entres à l’intérieur, tu seras tout d’abord déçu par le dépouillement du décor. On cherche où sont les ornements, même le choeur semble vide… C’est que dans les années 60, lors de travaux de rénovation, la chaire, les chapiteaux corinthiens et le maître-autel ont été supprimés! Heureusement, il reste quand même quelques éléments intéressants. Tout d’abord, au plafond, les toiles de Louis St-Hilaire qui ont survécu aux travaux.

Puis, en t’avançant, tu remarques le chemin de croix disposé sur les murs des bas-côtés: il prend la forme de scènes sculptées polychromes encadrées de petits colonnes.

Enfin, tu arrives à l’avant sous une coupole semi-évasée qui impressionne, avec son vitrail rond central et ses quatre toiles autour:

En sortant de l’église, la fontaine du parc se révèle entre les colonnes… Une belle perspective!

Descends les marches et tourne immédiatement à droite (nord).

Ici, entre l’église et la fontaine, se trouvait autrefois la rue Saint-Dominique. La piétonisation de cette dernière a permis d’agrandir le parc et d’assurer sa continuité jusqu’au parvis… Une belle réussite!

Traverse l’avenue Laurier et poursuis ton chemin en face sur la rue Saint-Dominique.

Au bout de Saint-Dominique, une petite section de la rue Fairmount est en train d’être transformée en place publique. Des arbres vont être plantés et des bancs publics installés. Sur le mur sud des Habitations à loyer modique Émile-Nelligan, l’artiste d’origine italienne Fabio Schirru (alias Tellas) a réalisé une murale. L’ensemble des nouveaux aménagements rendent ce secteur du Mile End beaucoup plus agréables…

Tourne à gauche (ouest) sur Fairmount et marche jusqu’au boulevard Saint-Laurent.

11) Les restos du boulevard Saint-Laurent

Le boulevard Saint-Laurent comporte de nombreux restaurants où tu peux t’arrêter quelques moments si tu commences à avoir faim. Je ne te les présenterai pas tous, car il y en a trop. Mais voici quelques coups de coeur.

Tout d’abord, sur ta gauche, à quelques portes au sud d’où tu te trouves présentement, il y a le Maria Bonita.

Le petit resto propose une cuisine traditionnelle mexicaine. On se lance avec plaisir dans les petites casseroles de terre cuite appelées « cazuelitas », servies avec des tortillas, ce qui nous permet de créer nos propres tacos. Celles au choriqueso (saucisse maison et fromage fondu) et au porc Pastor sont particulièrement délicieuses.

Un tel plaisir pour les papilles que le Maria Bonita s’est mérité une place parmi les meilleurs restos de tacos à Montréal du blogue C’est toi ma Ville

Presqu’en face se trouve la Boulangerie Guillaume, qui fait partie de mon Top 10 des meilleures en ville! Ce n’est pas un resto, mais tu y trouveras de quoi satisfaire ta faim si tu as envie d’une collation. Notre coup de coeur? Le pain fesse aux patates et au cheddar! Généreusement rempli de fromage fondu…

07 Boulangerie Guillaume (02)

Le pain fesses aux patates et cheddar

Tourne à droite (nord) sur le boulevard Saint-Laurent.

Au nord, tu tombes très rapidement sur le Tsukuyomi. Le petit resto rappelle immédiatement ceux de Tokyo, avec leurs comptoirs en bois qui contournent la cuisine. On y mange volontiers une soupe ramen au bouillon d’os de porc, dont on choisit l’intensité de sel (peu salé, régulier ou très salé). Son oeuf est très bon, de même que son porc un peu grillé, qui n’est ni trop cuit, ni trop gras. Un repas qui comble la faim à peu de frais!

Poursuis ta marche vers le nord.

Au coin de la rue Maguire, le Bay Cà Phê propose une soupe tonkinoise au boeuf saignant absolument savoureuse. Les nouilles sont soyeuses et le boeuf est incroyablement tendre. Un vrai délice!

En face du petit resto vietnamien, une intrigante « murale » a été réalisée sur un treillis métallique fixé au mur. Elle est consacrée à l’ancien joueur de hockey des Canadiens de Montréal, P.K.Subban 🙂

Marche jusqu’au coin de Saint-Viateur.

L’édifice Peck, qui occupe le coin de rue, est une autre réalisation de l’architecte Joseph Perrault, dont tu as vu tantôt les anciens appartements Fairmount Court, sur l’avenue du Parc. À l’origine, il s’agissait d’une manufacture de chemises. Ouverte en 1904, elle fit partie des premières entreprises du genre à ouvrir dans le quartier, où des centaines d’autres manufactures de vêtements s’installèrent dans les décennies suivantes. Lorsque l’économie se transforma dans les années 90, les manufactures en déclin fermèrent et c’est le concepteur de jeux vidéos Ubisoft qui occupa progressivement l’ensemble de l’édifice Peck, devenant le plus grand employeur du Mile End.

Fait inusité: les personnes qui attendent le bus, à l’arrêt, ont droit à une installation cocasse. Dans une fenêtre au deuxième étage de l’édifice juste en face, quelqu’un a installé un écran qui affiche un décompte et annonce l’arrivée du bus! Quelle attention… 😉

Tourne à droite (est) sur Saint-Viateur.

12) Le quartier des possibles

J’ai toujours été fasciné par les secteurs de la ville semi-industriels, un peu abandonnés, souvent complètement méconnus. Je suis encore plus surpris quand je vois quelques gens décider d’aller y habiter quand même, ou une microbrasserie ouvrir « nowhere » et se remplir d’une clientèle qui arrive je ne sais d’où. Dans ces quartiers en devenir, ou rien n’est encore façonné et lisse, j’ai l’impression que tout est possible.

Le secteur du Mile End où tu pénètres présentement est un de ces endroits. Ce n’est plus un secret ou un endroit caché, comme d’autres secteurs perdus de Pointe-Saint-Charles ou du Mile-Ex que je connais. Mais l’atmosphère y est encore hétéroclite, déconnectée, brouillonne. Et l’explorateur urbain en moi aime ça! 😉

Au milieu des anciennes manufactures apparaissent des ateliers d’artistes, des boutiques de meubles, quelques cafés et restos… Comme ici la Panthère Verte, au coin de l’avenue Casgrain.

Des efforts ont visiblement été faits pour verdir un peu les rues…

Marche jusqu’au bout de la rue.

Mais l’aspect industriel finit toujours par te rattraper. Les anciennes grosses manufactures en imposent, comme ici sur ta droite, au coin de l’avenue de Gaspé. Je t’ai prévenu: tout est possible, dans ce quartier. Alors que se cache-t-il dans cet édifice où loge notamment Ubisoft? Je t’invite à aller voir par toi-même! 😉

Tourne à droite (sud) et marche jusqu’à l’entrée du 5455 de Gaspé.

Les édifices du 5455 et du 5445, reliés par l’intérieur, cachent le premier musée d’art urbain au Canada: le musée Romeo’s. À l’automne 2018, 24 murales ont en effet été réalisées par 24 artistes… dans les cages d’escalier des deux édifices! Si tu désires toutes les voir sans trop t’épuiser, je te suggère d’emprunter l’ascenseur jusqu’au 12ième étage d’un des édifices et de descendre par les escaliers. Tu pourras ensuite remonter par l’ascenseur de l’autre édifice et répéter la descente à pied…

Il y a en fait une murale par étage. Certaines sont plus étonnantes que d’autres… Ici, l’effet en trompe-l’oeil est particulièrement réussi. Car non, il n’y a rien de vrai: ni la sortie d’urgence, ni le personnage, ni même le sac d’ordures dans le coin!

Morning Coffee, de Eberhard Froehlich

D’autres sont particulièrement belles, comme Genièvre en vol, de Melissa del Pinto…

…ou Nature humaine, de Roxy Peroxyde.

Certaines aussi vont puiser dans notre imaginaire ou dans des symboles d’ici.

Maple Love, de Whatisadam

Quoi qu’il en soit, les employés qui transitent à pied d’un étage à l’autre ne le feront plus jamais dans des escaliers anonymes et mornes! Ces derniers sont d’ailleurs toujours accessibles pour la visite, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7… À toi d’en profiter si tu le désires ou d’y amener des amis!

Sors des édifices et tourne à droite (nord). Tourne encore à droite (est) sur l’allée Saint-Viateur, qui prend la forme d’un sentier piéton et d’une piste cyclable.

Sur ta gauche s’ouvrent des sentiers qui s’enfoncent dans un champ. Je t’invite à emprunter l’un d’eux pour découvrir… le Champ des Possibles!

Encore un exemple que tout peut arriver dans ce secteur du Mile End… Ici, des citoyens se sont, à la fin des années 2010, réappropriés un terrain postindustriel abandonné. Volontairement laissé en friche depuis ce temps, il est devenu un espace de nature sauvage en pleine ville, un espace de liberté dans un quartier de béton, un espace où redécouvrir la biodiversité… Maintenant zoné espace naturel, il est géré conjointement par l’OBNL Les Amis du Champ des Possibles et l’arrondissement du Plateau Mont-Royal.

Longe les anciennes manufactures couvertes de graffitis et bifurque à gauche (ouest).

Te voilà au pied de la gigantesque murale d’Ola Volo que tu as aperçue au début de ton parcours.

Ici, l’espace appelé Aire Commune sert l’été de lieu de travail et de réseautage. Divers événements s’y tiennent aussi de façon ponctuelle. Par exemple, à l’hiver 2016-17 a eu lieu la Petite Floride, où on pouvait patiner, jouer au hockey, et se réchauffer en buvant un café.

Ou encore, à l’été 2018 a eu lieu l’événement Fabriqué à Montréal. Pendant une fin de semaine seulement, 14 microbrasseries montréalaises se sont réunies au même endroit, pour le plus grand plaisir des amateurs de bières locales. Un événement qu’on aimerait tellement voir revenir un jour! 🙂

L’atmosphère était tellement agréable et unique… On pouvait même aller déguster notre bière à côté, dans le champ! Bref, tu tomberas peut-être par hasard sur un événement ou un autre, selon le moment où tu feras le présent itinéraire…

En quittant l’endroit, si tu jettes un oeil en direction nord, tu réaliseras assez vite que tu te trouves en fait sur le bord de la voie ferrée, juste en face des beaux édifices industriels de briques rouges que tu as longés au début de ton circuit. Te voilà pratiquement revenu à ton point de départ, mais de l’autre côté de la « track » cette fois!

Oriente-toi vers l’est pour sortir du Champ des Possibles par l’avenue Henri-Julien. La petite rue du Laos longe le chemin de fer vers l’est: suis-la jusqu’au bout, même après qu’elle ait bifurqué. Rendu à la rue Saint-Denis, tourne à gauche (nord) et emprunte le viaduc qui passe sous la voie ferrée.

Maintenant que tu es sorti du Mile End, tu reviens tranquillement vers la station de métro Rosemont. Ton itinéraire s’achève…

Rendu au boulevard Rosemont, tourne à droite (est) sur celui-ci et traverse la rue Saint-Denis pour rejoindre la station de métro.

*****

J’espère que tu as aimé ton excursion d’aujourd’hui, dans ce quartier à la fois artistique, vivant, hétéroclite, verdoyant et postindustriel. Montréal est une ville surprenante pour qui ose l’explorer véritablement… Je t’invite d’ailleurs à suivre mes autres itinéraires de quartier qui te feront découvrir notre ville comme peu de gens prennent le temps de le faire, d’Hochelaga à Lachine, en passant par Côte-des-Neiges, Ahuntsic ou Marie-Victorin. Ton aventure commence ICI.

Et n’hésite pas à t’abonner à mon blogue: c’est le meilleur moyen d’être averti.e lorsque de nouveaux article sortiront. Car je n’ai pas fini de te faire découvrir toujours plus Montréal!

À bientôt! 🙂

La page Facebook de Mes Quartiers, tenue conjointement avec le blogue C’est toi ma Ville: deux façons de découvrir encore plus Montréal!

7 avis sur « Mile End »

  1. Absolument fascinant! Je doute pouvoir faire tout ce parcours en une seule expédition! Bravo! Petite anecdote: l’intérieur de l’église Saint-Enfant-Jésus-du-Mile-End a dû être entièrement refait, dans les années 60. Lors d’une cérémonie de confirmation où l’église était bien pleine, le plancher de la nef s’est affaissé d’un mètre sous les pieds du cortège qui accompagnait l’entrée de l’évêque. Il n’y a pas eu de victimes, mais une immense frousse collective! Si un accident comme ça se produisait aujourd’hui, on démolirait l’église sans se poser de questions.

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