Saint-Paul / Émard

Côte Saint-Paul et Ville-Émard ne sont pas du tout des quartiers touristiques. On ne croise personne ici avec un appareil photo dans le cou. En fait, même les Montréalais des autres quartiers ne viennent pas ici. Et pourtant, celui ou celle qui ose s’y aventurer peut faire de belles découvertes. Un petit square entouré de maisons qui a des airs de Carré Saint-Louis. Un ancien coeur institutionnel en manque d’amour qu’on aimerait sauver. Des églises converties qui ont trouvé leur voie. Un boulevard Monk en devenir où tout semble encore possible. Une Maison de la culture qui présente des expositions gratuites audacieuses. Une butte en haut de laquelle notre regard balaie l’ouest de la ville. Une église contemporaine parmi les plus belles à Montréal…

Ces deux quartiers paisibles qui ne figurent dans aucun guide touristique n’offrent aucun raccourci pour se rendre ailleurs, alors personne de l’extérieur ne les traverse. Enserrés entre deux canaux, cachés derrière Verdun qui leur vole la vedette, ils ne sont connus que de leurs résidents. Et pourtant, je t’invite aujourd’hui à les parcourir à pied. Laisse-moi te surprendre!

Bienvenue dans Saint-Paul / Émard, bienvenue dans… Mes Quartiers!

Voici ta carte:

Longueur du circuit: environ 6,3km.

*****

1) La rue Jolicoeur et sa station de métro

Ton aventure d’aujourd’hui débute à la station de métro Jolicoeur (ligne verte)! J’ai toujours aimé cette station, car tout comme les stations Préfontaine et Angrignon, elle est peu profonde et laisse entrer la lumière naturelle du jour…

Sur les quais, des triangles encerclés reprennent la couleur des bancs et des affiches qui portent le nom de la station. Il s’agit de 42 cercles au sol, une oeuvre de Claude Boucher (1976).

Ce qui est amusant, c’est que lors des récentes rénovations de la station, une nouvelle oeuvre a été ajoutée en haut de l’escalier, sur la mezzanine. Et cette oeuvre de Chloé Desjardins (Perspective, 2022) rappelle justement les motifs triangulaires et ronds intégrés au quai, mais en les montant cette fois en hauteur! Sur une face, on trouve la couleur orange des triangles, et sur l’autre, la couleur noire des cercles…

Sors de la station. Dehors, tu fais face à des terrains de tennis. Tourne à gauche sur la rue Jolicoeur, en t’éloignant du canal de l’aqueduc.

Ton premier contact avec le quartier n’est peut-être pas celui que tu pensais. Car te voilà entouré de petites maisons de vétérans! Certaines sont coquettes…

D’autres ont visiblement été modifiées au fil du temps par leurs propriétaires pour leur donner du cachet.

Chose certaine, l’ensemble annonce un quartier paisible et verdoyant.

Marche deux coins de rue.

2) Un Bain Public et des murales

En arrivant au coin de la rue Laurendeau, le secteur prend soudainement une tournure très urbaine. Tout d’abord, avec l’immense toiture en pente bleue du Dairy Queen. Le commerce, que les résidents du quartier aiment fréquenter, est impossible à manquer.

Puis, en regardant à gauche, tu aperçois La danse des esprits libres (2015), une murale de Carlito Dalceggio produite par MU.

L’artiste, né à Montréal, réalise des projets partout dans le monde.

Traverse la rue Laurendeau en diagonale pour atteindre le petit terre-plein.

De l’autre côté de la rue, une autre murale, encore plus grande (pour ne pas dire immense) se dévoile devant toi! Dodo Ose, Ankh, Zek et Haks ont uni leurs talents pour couvrir un mur complet de l’édifice occupé par le Centre social d’aide aux immigrants, dans le cadre du 75ième anniversaire de ce dernier. C’est pourquoi l’oeuvre, réalisée en 2022, aborde non seulement le thème de l’immigration, mais aussi celui de l’action sociale.

Elle est d’ailleurs coiffée d’une citation de Marie-Gérin Lajoie, qui croyait que faire preuve de charité envers les gens dans la misère ne suffisait pas, qu’il fallait que la population s’engage socialement et s’éduque pour mettre fin aux inégalités sociales. « Soulager ne suffit pas, il faut transformer ».

Tourne à droite et traverse la rue Jolicoeur pour poursuivre ta marche sur la rue Laurendeau.

Après avoir dépassé le Dairy Queen, tu passes devant un des rares bains publics encore ouvert à Montréal! Construit en 1913-1914, le Bain Émard servait autrefois aux ouvriers du quartier dont les logements étaient dépourvus de baignoire et d’eau chaude. Aujourd’hui, l’édifice de style Beaux-Arts abrite une piscine pouvant être fréquentée à l’année…

Profite de la traverse piétonne devant le Bain pour changer de côté de rue et poursuis ta marche sur Laurendeau jusqu’au coin suivant. Puis tourne à droite sur la rue Biencourt, juste après le Provigo.

3) Le parc Saint-Paul et sa fontaine

Te voilà entouré d’une série de duplex, une ambiance résidentielle bien différente de celle des petites maisons de vétérans de tantôt. Les premiers duplex, en face de l’école, possèdent une entrée commune et un escalier intérieur éclairé par la lumière du jour grâce aux blocs de verre en façade.

Les suivants sont plutôt munis d’entrées individuelles, d’escaliers extérieurs et de balcons. De façon générale, la rue est verdoyante et les petites cours avant sont fleuries.

Au prochain coin de rue, tourne à gauche sur Angers.

Sur la rue Angers, tu tombes sur cette belle demeure au coin de Jacques-Hertel, dont l’entrée est rehaussée d’un balcon en pierre et mise en scène par un avant-toit en pente et un parement de pierre décoratif dans la partie basse. Malgré ses fenêtres bigarrées (il n’y en a pas deux de même taille), sa deuxième entrée cachée à droite dominée par un balcon décentré, et son balcon inattendu côté Jacques-Hertel, l’ensemble est étonnamment harmonieux et beau!

Une fois la rue Leprohon dépassée, c’est un tout autre type de développement que tu rencontres: une belle série de triplex aux briques rouges et aux escaliers extérieurs, qui témoigne de l’architecture ouvrière montréalaise des années 1910. Car oui, étant donné la proximité du Canal de Lachine, qui se trouve juste au nord, beaucoup d’ouvriers ont vécu ici. Dès les années 1840, de nombreuses industries se sont installées sur les rives du canal, jusqu’à ce que ce dernier ferme en 1970 en raison de l’ouverture de la Voie Maritime du Saint-Laurent. Pendant plus d’un siècle, beaucoup de travailleurs sont donc venus s’installer dans les quartiers environnants, et les triplex que tu vois témoignent de cette époque de prospérité.

La rue Angers débouche sur le parc Saint-Paul, que je t’invite à traverser.

Le parc Saint-Paul se présente comme un square, entouré de résidences sur ses quatre côtés. Il existe depuis la fin du XIXième siècle!

Six sentiers mènent au centre, où se dresse la Fontaine aux canards, qui date de 1865. Mais qui n’a été installée ici qu’en 2018. Hum…

Un panneau historique tout près explique le décalage. Conçue en France, la fontaine a été initialement installée par Jean Marie Alphonse Brémont sur une ferme de la commune de Coupéville, dans le nord-est du pays. En 1976, l’arrière-petit-fils, héritier de la ferme, a immigré au Québec et amené la fontaine par bateau, pour ensuite la céder au Bureau d’art public de Montréal en 2008. Après plusieurs années de restauration, elle a fini par se retrouver ici. Toute une histoire!

Toujours est-il qu’elle donne décidément de l’envergure à ce paisible petit parc de quartier…

…autour duquel la vie semble si agréable.

De l’autre côté du parc, la rue Angers reprend. Poursuis ta marche…

4) Un site patrimonial à restaurer

Des saillies de trottoir et une piste cyclable ont été récemment aménagées.

Au premier coin de rue, tu peux admirer une magnifique maison aux briques brunes et aux volets décoratifs noirs. Sa longue galerie et ses colonnes blanches lui donnent beaucoup de panache!

Au coin suivant, tu rencontres l’ancien hôtel de ville de Côte-Saint-Paul. Construite l’année même de l’annexion de l’ancienne ville à celle de Montréal (1910), elle est vraiment imposante!

Elle suit les plans de l’architecte Joseph-Émile Vanier, qui a aussi réalisé cinq ans plus tôt l’ancien hôtel de ville de Saint-Louis-du-Mile-End:

On aperçoit encore l’ancienne caserne de pompiers qui était intégrée à l’arrière, avec sa tour à boyaux:

Le toit en pente à deux versants, l’étonnante cheminée centrale, les grandes fenêtres en ogive et les murs de briques donnent de l’envergure à l’édifice, qui mériterait tellement qu’on le restaure et qu’on lui trouve une vocation!

Quand j’ai vu ce bâtiment pour la première fois il y a quelques années, je l’ai tout de suite aimé. Aux frontières de ce quartier complètement méconnu, à quelques pas d’une autoroute, il semble sorti de nulle part. Et pourtant, ce n’est pas le cas. Car tu pénètres présentement dans l’ancien coeur politique, administratif et religieux de Côte Saint-Paul.

Tourne à gauche sur la rue De l’Église.

L’ancien hôtel de ville n’est donc pas seul. Outre l’école, le nouveau poste de police et quelques résidences…

…tu croises assez vite le presbytère, couvert de pierres calcaires grises.

Puis, se dresse devant toi l’église Saint-Paul. Frappée par la foudre en 1899 et victime d’un incendie en 1907, la version actuelle qui date de 1910 ne manque pas d’originalité. Sa façade de pierre lisse possède des ouvertures aux formes variées, notamment une grande rosace et des petites fenêtres rondes. Au sommet des deux clochers, les cavités usées par le temps sont dominées de frontons coiffés de bulbes blancs nervurés. L’ensemble est plutôt surprenant, mais aurait visiblement besoin de sérieuses rénovations pour survivre. Étant pratiquement toujours vacante depuis une dizaine d’années, espérons que les principaux acteurs du quartier lui trouveront rapidement une nouvelle vocation…

Juste après, tu longes l’ancien pensionnat Notre-Dame-du-Saint-Rosaire (1888), aujourd’hui transformé en maison de retraite. D’inspiration Second Empire, il a été conçu par le prolifique Victor Bourgeau, un nom que tu as rencontré souvent si tu as lu mes autres itinéraires de quartiers. La base en pierre calcaire et les imposants murs de briques rouges sont coiffés d’un toit en fausse mansarde doté de lucarnes et d’un clocheton central.

D’ailleurs, parlant de pierre calcaire, on la retrouve non seulement un peu ici et sur le presbytère, mais aussi de l’autre côté de la rue sur les façades des résidences.

Deux ou trois d’entre-elles attirent l’oeil, comme celle-ci dominée par une corniche en bois…

Poursuis ta marche sur De l’Église jusqu’à la rue Eadie.

Plus loin, tu croises quelques autres façades en pierre calcaire. Mais le paysage urbain se déstructure un peu. Pourtant, avec son ancien coeur institutionnel et sa facilité d’accès (l’autoroute passe à un coin de rue), la rue de l’Église, dans Côte-Saint-Paul, a tout pour devenir une artère majeure. Elle souffre d’un manque d’amour, probablement parce qu’elle se trouve excentrée, en bordure du quartier. Mais elle pourrait avoir un certain potentiel, si on prenait le temps de la concevoir globalement. Si on restaurait l’ancien hôtel de ville et l’église et qu’on leur trouvait une vocation, si on revitalisait les espaces verts et vacants, si on repensait l’espace public… En plus, elle pourrait tirer avantage du fait que c’est elle qui relie le plus directement Côte-Saint-Paul au centre névralgique de Verdun (coin Wellington/De l’Église)!

5) Le parvis de Biencourt et le Théâtre Paradoxe

Au coin de la rue Eadie, à ta droite, un visage te regarde. La vieille murale, qui couvre l’édifice au pied de l’autoroute, tient le coup depuis 2009!

Tourne à gauche sur la rue Eadie.

Progressivement, les plex réapparaissent avec leurs escaliers extérieurs. Et les arbres se multiplient.

Marche quatre coins, puis traverse la rue Denonville et tourne à droite sur elle.

Te voilà de retour dans un environnement résidentiel à échelle humaine, comme on les aime dans Saint-Paul / Émard…

Tourne à gauche sur Hadley…

Petite mention au passage pour ce beau triplex aux fenêtres en oriel, aux balcons ronds et aux multiples colonnes blanches!

…puis à droite sur Cardinal.

Les résidences de la rue Cardinal sont hétéroclites. On y trouve des duplex et des triplex de styles architecturaux variés, mais également quelques petites maisons unifamiliales comme celle-ci en fond de cour, après le petit parc:

Tourne à gauche sur la rue Briand et marche deux coins de rue. Puis tourne à droite sur Biencourt.

Depuis 2021, la partie de la rue de Biencourt sur laquelle tu tombes a été piétonnisée de façon permanente. L’espace est maintenant verdoyant et on peut y pique-niquer. Quel changement!

Une grande murale verticale de Zek couvre le mur de la résidence pour personnes âgées.

Pour réaliser « Deuxième génération » (2019), l’artiste s’est inspiré des personnages de l’illustrateur américain Norman Rockwell (1894-1978).

Au bout de la nouvelle place piétonne se dresse l’église Notre-Dame-du-Perpétuel-Secours. Fermée en 2009, elle a été transformée et réouverte en 2014. Sa nef est aujourd’hui gérée par le Théâtre Paradoxe, qui en a fait une salle de spectacle et de réception. Elle sert notamment à la production de l’émission « Y’a du monde à messe », animée par Christian Bégin sur les ondes de Télé-Québec.

La transformation de l’espace intérieur est si réussie que l’église Notre-Dame-du-Perpétuel-Secours fait partie de mon Top 15 des plus belles églises converties à Montréal! Les vitraux et peintures de Guido Nincheri ont été conservés, de même que l’orgue Casavant. Le bois des confessionnaux et des bancs d’église a été réutilisé pour construire deux petits bars, et les spectaculaires arches blanches qui faisaient l’originalité de l’église, de chaque côté de la nef, trouvent une place naturelle dans ce nouvel environnement festif! Une transformation respectueuse du patrimoine religieux réalisée par les architectes de Rayside Labossière…

Tourne à gauche sur le boulevard Monk.

6) Le boulevard Monk et sa Maison de la culture

Te voilà dans le coeur institutionnel de l’ancienne Ville-Émard, intégrée à Montréal en 1910. Quelques pas suffisent pour te rendre compte que le boulevard Monk commence à attirer de nouveaux commerces. Notamment le Cinqàsept qui, l’été, étale ses tables et ses parasols jaunes sur le trottoir.

L’épicerie gastronomique offre une grande variété de cidres et de bières de microbrasserie, et surtout, une impressionnante gamme de vins québécois.

On y trouve aussi quelques fromages, charcuteries et trempettes. De quoi te confectionner une petite collation improvisée et profiter de la terrasse! 🙂

Juste après la caserne de pompiers, c’est la bibliothèque Marie-Uguay qui mérite un arrêt. On peut y admirer une reproduction sur vitrail d’une toile d’inspiration cubiste de George Keyt intitulée « Lanka Matha ». Vitrail originellement exposé au pavillon du Sri Lanka lors de l’Exposition universelle de 1967.

Si l’art t’intéresse, tu dois monter au deuxième étage, où se trouve la Maison de la culture du quartier. On y présente continuellement des expositions gratuites d’art contemporain, souvent audacieuses en plus.

Lors de mon dernier passage, les murs étaient couverts de toiles de Claude Tousignant (1932- ).

Varèse, 1968

Une terrasse permet aussi de se reposer tout en profitant d’un point de vue inusité sur le Théâtre Paradoxe!

Poursuis ta promenade sur le boulevard Monk.

Au prochain coin, tu retrouves la rue Jolicoeur. Le Green Stop est toujours là, inébranlable malgré son âge. À l’intérieur, le casse-croûte au décor un peu défraîchi possède encore des machines distributrices de gommes ballounes, comme on en trouvait autrefois. Si les vieilles banquettes vintages t’attirent, tu peux t’y asseoir pour manger un hot dog ou une poutine à la sauce brune-noire 😉

Tourne à droite sur la rue Jolicoeur.

7) Une impressionnante murale

Au coin suivant, ton oeil curieux s’arrêtera peut-être sur cet imposant duplex qui, derrière ses arcs blancs décorés de petites têtes de lion, cache un escalier semi-extérieur. Une configuration plutôt inusitée…

Au prochain coin, tourne à droite sur la rue Hamilton.

Je te fais passer par ici pour te montrer une impressionnante murale. Elle est visible du trottoir, mais la fin de semaine quand les classes sont vides, il est intéressant d’aller l’admirer de plus près en entrant dans la cour de l’école Notre-Dame-du-Perpétuel-Secours!

Sur un fond de ciel nocturne, de planètes et de nuages, un renard se tient assis sur un livre ouvert d’où émerge une vague. Sur cette vague, un gondolier pagaie pour faire avancer un bout de terre et sa montagne entourée de poissons volants. On reconnait l’imaginaire débordant du prolifique muraliste Monk.e!

Fait inusité: en ressortant de la cour, tu rencontres ces curieux personnages en ciment. Une relique, j’imagine, de l’époque où les entrées des filles et des garçons étaient séparées?

Poursuis ta marche sur la rue Hamilton et tourne à gauche sur Jacques-Hertel.

Les prochaines minutes ne présentent pas beaucoup d’intérêt, sinon le petit parc des Métallos que tu rencontres lorsque la rue Jacques-Hertel bifurque à gauche. L’espace vert rend hommage aux travailleurs de l’ancienne usine voisine de la Canadian Tube and Steel Company qui, suite à de multiples accidents majeurs, se sont battus (1941-1950) pour demander de meilleures conditions de travail.

Coupe dans le parc et continue à marcher sur Jacques-Hertel.

Au bout de la rue débute un sentier qui s’enfonce dans le parc Ignace-Bourget. Emprunte-le!

8) Un parc pas comme les autres

Deux curiosités ont permis à ce parc de se classer dans mon Top 15 des parcs inusités à Montréal. Tu croises assez vite la première… En effet, le long du sentier et à différents autres endroits, tu peux apercevoir de drôles de paniers numérotés formés de chaînes. Les 12 paniers constituent en fait le premier parcours permanent de « disc golf » à Montréal, un jeu à mi-chemin entre le golf et le frisbee!

Des gens viennent dans ce parc, parfois même en groupe, juste pour jouer à ce jeu. Si tu es chanceux, tu en verras tenter de faire atterrir leur petit frisbee dans les paniers. Et cela demande beaucoup de dextérité et de pratique, car les distances à survoler sont immenses. On fait rarement un panier d’un coup! Il faut, comme au golf, retrouver son frisbee et le relancer jusqu’à atteindre sa cible…

Suis le sentier derrière la piscine extérieure et la pataugeoire. Puis tourne à gauche juste avant la skatepark.

Quelques pas de plus, et tu te retrouves en face de la deuxième curiosité de ce parc: une grande butte gazonnée! Je t’invite à la grimper… sans regarder derrière toi. La surprise sera plus grande si tu joues le jeu!

Bon: ne t’attends pas à une vue digne de la Butte de Montmartre à Paris. Mais la « Butte de Ville-Émard », comme je l’appelle, t’offre quand même une vue inédite sur l’ouest de Montréal!

Une fois en haut, retourne-toi pour admirer la vue!

Les grattes-ciel du centre-ville attirent tout d’abord ton attention.

Puis, au loin, l’Oratoire Saint-Joseph se dresse fièrement dans le ciel. Si tu as un appareil photo avec un bon zoom, tu pourras faire de belles photos comme moi:

Devant le plus haut sommet du mont Royal, tu aperçois le pont à haubans de la rue Saint-Jacques et un des plus grands hôpitaux du Québec: le Centre Universitaire de Santé McGill (CUSM).

Si tu connais bien les quartiers de Montréal, tu pourras distinguer plusieurs autres attraits. Comme les magnifiques clochers blancs de l’église Notre-Dame-des-Sept-Douleurs de Verdun…

Les grattes-ciel de l’Île-des-Soeurs…

Ou les nouveaux développements immobiliers près du parc Angrignon.

Ceux et celles qui ont parcouru mon circuit qui fait le tour du quartier Notre-Dame-de-Grâce reconnaîtront l’imposant clocher carré de la River’s Edge Community Church.

Évidemment, tu peux aussi apercevoir le clocher du Théâtre Paradoxe que tu as vu de près tantôt…

…et le toit arrondi de l’église Saint-Jean-de-Matha que tu verras dans quelques instants!

Bref: voilà un panorama urbain inédit, dans un parc complètement méconnu des Montréalais… Une curiosité qu’à peu près juste les résidents du quartier connaissent!

Et ceux-ci aiment d’autant plus le parc, qu’ils peuvent aussi y pratiquer des sports l’hiver. La butte sert alors à la glissade sur tube, à la descente en ski et au saut en planche à neige! Des activités qui ont permis au parc Ignace-Bourget de se tailler une place dans mon Top 15 des parcs à découvrir l’hiver à Montréal…

Redescends la butte. En bas, tourne immédiatement à droite pour longer le terrain de baseball, puis tourne à gauche pour passer entre les terrains de baseball et de soccer. Une fois les terrains dépassés, bifurque à droite pour atteindre l’avenue de Montmagny. Traverse l’avenue, emprunte le trottoir qui coupe le triangle gazonné et rejoint la rue Jolicoeur.

9) Balade dans Ville-Émard

Tu plonges maintenant graduellement dans le coeur résidentiel du quartier Ville-Émard. Au premier coin de rue, tu peux jeter un oeil à l’Arche-Montréal: une église aujourd’hui occupée par un organisme sans but lucratif qui accueille les personnes qui présentent une déficience intellectuelle. Ta deuxième église transformée du jour!

Tourne à droite sur Mazarin.

Les duplex et les triplex…

…se mêlent aux multiples maisons unifamiliales de styles variés, dont certaines sont un peu bizarres 😉

Immédiatement après avoir franchi la rue Springland, la partie basse d’une habitation présente une murale en bandeau horizontal très vintage.

La génération X reconnaîtra certains de leurs dessins animés préférés, dont Goldorak, Caliméro, Albator…

…son vaisseau et la petite fille qui courait dans le générique! 🙂

Au coin suivant, traverse la rue Allard et tourne à gauche sur celle-ci.

Tu passes bientôt devant une institution du quartier: le Dilallo Burger.

Ce restaurant, ouvert par Luigi Di Lallo et sa femme, rappelle la présence historique des Italiens dans le quartier. Une communauté installée ici depuis maintenant plus de cent ans, et qui était, à l’époque de Mussolini, reconnue pour être antifascite.

Aujourd’hui, on y va avant tout pour le décor vintage.

Sinon, pour manger une poutine traditionnelle généreuse en fromage!

Poursuis ta marche sur la rue Allard.

10) L’église Saint-Jean-de-Matha

Te voilà en face d’une des 15 plus belles églises contemporaines à Montréal: l’église Saint-Jean-de-Matha! Une réalisation de l’architecte Guy Parent (1957)… Sa toiture en forme d’arche, qui met en vedette une façade intensément vitrée, frappe au premier coup d’oeil.

La forme triangulaire du clocher à cinq cloches est reprise dans les petites fenêtres tout autour de l’église, notamment sous les marquises de béton qui ondulent.

Si jamais tu passes par ici quelques minutes avant ou après une messe, n’hésite pas à profiter du fait que les portes sont ouvertes pour faire un petit tour en-dedans. Tu constateras alors qu’à l’intérieur, on ne trouve de classique que le plan au sol en croix latine. Tout le reste est résolument contemporain! À commencer par les courbes du plafond en béton et les arcs jaunes qui se croisent…

Puis, les luminaires aussi triangulaires que le clocher et les petites fenêtres que tu as vus dehors…

Sans oublier les six verrières multicolores réparties de chaque côté de la nef, avec leur forme en arche!

Une autre série d’arches entoure d’ailleurs le choeur…

Une forme qui se répète partout, autant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’église! Dans le meuble qui soutient les lampions…

L’affiche extérieure qui annonce les messes…

Les fenêtres et l’entrée du presbytère…

Et même le fer forgé du balcon du presbytère! C’est tout dire… 😉

Enfin, de chaque côté de l’église, il ne faut pas manquer, au mur, les stations du chemin de croix.

Elles ont été réalisées par Rolande Séguin, une élève de Paul-Émile Borduas…

Bref, l’harmonie architecturale de cette église, ses formes inattendues et les détails de son chemin de croix en font un véritable petit bijou, encore une fois méconnu de la plupart des Montréalais…

Poursuis ta route vers l’est sur la rue Allard et marche trois coins.

11) Mère Teresa et la station Monk

Juste avant l’entrée de la station de métro Monk, une petite aire de repos s’ouvre sur ta droite.

En y pénétrant, quelle surprise n’as-tu pas en y découvrant une sculpture de bronze représentant Mère Teresa!

oeuvre du sculpteur albanais Benard Lekgegaj, 2012

Installée ici dans le cadre du 100ième anniversaire de l’indépendance de l’Albanie, elle immortalise la plus célèbre citoyenne de ce pays. Une belle façon de se rappeler de cette femme qui a consacré sa vie aux plus démunis, aux enfants de la rue, aux malades et aux mourants, tout particulièrement en Inde. Prix Nobel de la paix (1979), elle a aussi été canonisée par l’Église catholique.

Marche jusqu’au coin de rue pour jeter un dernier regard autour.

Te voilà revenu au boulevard Monk, dont les lettres illuminées flottent dans les airs. Des lettres toutes simples mais qui rajeunissent l’image de la rue commerciale et donnent peut-être une idée de son avenir.

Car tu l’as vu: les quartiers Saint-Paul / Émard sont très denses, la population y est concentrée. Or, elle commence à rajeunir. Attirés par les loyers résidentiels encore abordables et des stations de métro qui permettent d’atteindre le centre-ville en quelques minutes, des jeunes commencent à s’installer dans le coin depuis quelques années. La demande augmente, notamment pour des restaurants et des bars, et comme plusieurs locaux commerciaux sont libres, on peut parier sans trop se tromper que le boulevard Monk vivra de grands changements dans les prochaines années. Présentement, les résidents du secteur sont encore portés à aller dans les quartiers environnants ou au centre-ville pour magasiner et sortir. Mais un jour, ils mangeront et sortiront chez eux…

Entre dans la station de métro Monk.

C’est sur cette réflexion que tu quittes Saint-Paul / Émard. Sur la passerelle qui mène aux quais, deux immenses sculptures de Germain Bergeron (Pic et Pelle, 1978) rendent hommage aux milliers de travailleurs qui ont construit le métro de Montréal. Aujourd’hui, en passant entre elles, tu auras peut-être aussi une petite pensée pour les milliers de personnes qui ont bâti le quartier que tu as visité. Et pour toutes celles qui viendront. Car il reste encore beaucoup à faire ici.

*****

J’espère que tu as aimé ton excursion!

Ces sept dernières années, j’ai rédigé plein d’autres itinéraires, plus d’une vingtaine, pour découvrir Hochelaga, Outremont, Pointe-Saint-Charles, le Vieux-Pointe-aux-Trembles, Côte-des-Neiges, etc… N’hésite pas à explorer mon blogue pour les lire! De quoi t’organiser plein de belles sorties d’un bout à l’autre de l’île…

Et je te prépare d’autres articles. Si tu t’abonnes à mon blogue, tu les recevras par courriel dès qu’ils sortiront! C’est gratuit…

J’ai déjà hâte de te partager mes aventures aux quatre coins de la ville. À bientôt! 🙂

La page Facebook de Mes Quartiers, tenue conjointement avec le blogue C’est toi ma Ville: deux façons de découvrir encore plus Montréal!