Le Plateau Mont-Royal (ouest)

Le Plateau Mont-Royal. Ça fait longtemps qu’on me demande d’écrire un article sur ce quartier mythique de Montréal, un des plus touristiques hors du Vieux-Montréal et du centre-ville. Bien sûr, j’ai déjà abordé le Mile-End et Milton-Parc, qui font partie de cet arrondissement. Mais c’était une façon de frôler le sujet sans jamais l’aborder de front…

Pourquoi cet évitement? Parce que je connais très bien ce quartier, j’y ai vécu 23 ans. Et je sais qu’il y a tellement de choses à voir que ce sera un défi de tout te montrer. Car comme pour tous mes autres itinéraires de quartier, j’ai choisi pour toi les plus belles rues où marcher. Les plus belles maisons à admirer, les parcs où s’asseoir… Les murales, les fontaines et les sculptures à ne pas manquer. Et même les ruelles à explorer!

Je te propose aujourd’hui de passer une magnifique journée dans un des quartiers les plus colorés de la ville. Un incontournable. Un quartier où la nature et les percussions des tam-tams au pied du mont Royal côtoient les imposantes demeures bourgeoises de l’avenue de l’Esplanade. Un quartier rempli de maisons aux corniches et aux balcons multicolores. Rempli de street art où les références à la culture d’ici et d’ailleurs sont nombreuses. De petites places publiques et de ruelles vertes cachées. Sans oublier les rues piétonnes et quelques restos incontournables…

Je t’amène aujourd’hui dans la partie ouest du quartier résidentiel le plus branché à Montréal. Bienvenue sur le Plateau Mont-Royal (ouest), bienvenue dans… Mes Quartiers!

Voici ta carte (clique dessus pour l’agrandir) :

Longueur approximative : 6 km.

1) Le chemin Gilford

Ton aventure débute à la station de métro Laurier (ligne orange).

Aux deux extrémités du quai se trouve une sortie. Prends celle qui donne sur le boulevard Saint-Joseph (et non sur la rue Laurier). Dehors, tourne à droite (ouest) sur Gilford.

Si tu es déjà passé par là, tu reconnais d’emblée les fameuses colonnes bleues du toit de la station. Au-dessus, une immense libellule en trois dimensions décore un immeuble résidentiel.

L’oeuvre de Daniel-Vincent Bernard (2010) est faite de câble coaxial et d’uréthane.

En regardant du côté ouest, dans le stationnement à gauche l’École supérieure de ballet du Québec, tu aperçois une grande murale de Burnt Toast (2022), un artiste originaire d’Hamilton. On reconnaît aisément son style, avec les couleurs pastels, les formes arrondies et douces, et les traits noirs qui délimitent les personnages dans l’espace.

Poursuis ta route sur Gilford, qui trace une diagonale vers l’ouest.

Ce bout de rue a été piétonnisé il y a quelques années.

On y trouve aujourd’hui une pergola, différents espaces pour se détendre et des bacs de plantation.

Ces structures éphémères seront bientôt remplacées par des aménagements permanents, comprenant notamment un long banc en pierre évoquant les anciennes carrières de pierre grise du quartier. On a déjà hâte de voir ça! 🙂

Sur le grand mur à ta droite, une murale bien spéciale du jeune muraliste grec Insane 51 (2019) attire forcément ton attention. La femme aux cheveux rouges semble laisser paraître son squelette, comme s’il s’agissait d’une radiographie…

Eh bien si jamais tu as une paire de lunettes 3D avec des filtres rouge et bleu à la maison, amène-les… Car elles te permettront de voir l’oeuvre en trois dimensions!

Voici ce que tu verras respectivement en te servant seulement du filtre bleu ou rouge :

À ma connaissance, ce type de murale n’existe nulle part ailleurs à Montréal! Insane 51 est un des pionniers mondial de l’art de rue en 3D.

Traverse la rue Saint-Denis et décale un peu vers la gauche (sud).

Au sud, le clocher de l’UQAM et la Grande Roue du Vieux-Port se confondent. Pendant le festival de la BD, la rue Saint-Denis est piétonnisée et remplie de monde.

D’ailleurs, lors de mon passage, on pouvait voir sur l’immeuble à ta droite la création d’une murale en hommage au bédéiste Michel Rabagliati, qui a habité ici pendant sa jeunesse. Le genre de spectacle quotidien auquel sont habitués les résidents quartier!

Création de la murale « Paul en appartement » par Dominique Desbiens et Bruno Rouyère (MU)

Mine de rien, sur ta gauche se trouve un des meilleurs restos grecs à Montréal! L’Ouzeri propose des plats à se rouler par terre… Une variété de mets plus délicieux les uns que les autres, comme ce qu’on peut manger en Grèce (et je parle par expérience). En entrée, je te propose un fromage Saganaki flambé à l’ouzo devant toi, que le serveur éteindra avec le jus d’un citron.

Comme plat principal, il ne faut pas manquer l’agneau au feta…

…et le bœuf martini, qui sont absolument délicieux!

Et en dessert, après le traditionnel baklava, pourquoi ne pas terminer avec un petite verre de Mastiha? Cet alcool, d’origine contrôlée, est fait à partir de la sève d’un arbre à mastic que l’on retrouve dans le sud de l’île grecque de Chios. Elle a une saveur de pin. Un produit unique qui est en train de se répandre partout en Grèce, dans les sorbets, les gommes à mâcher, etc. Un peu comme ici au Québec pour nos produits dérivés de l’érable…

Poursuis ta marche sur Gilford (la rue en diagonale) et tourne à droite (nord) au premier coin de rue.

2) La rue de Grand-Pré et la ruelle Demers

Bienvenue sur la rue de Grand-Pré! Une splendide demeure de style Second Empire se dresse fièrement devant toi, telle un manoir. Avec ses vestibules aux extrémités, sa fausse mansarde, ses lucarnes et sa tourelle centrale. Wow!

Puis, tu découvres une série de maisons en pierre grise, reliées par une longue véranda couverte avec des entrées individuelles…

Une galerie dont le toit est supporté par des colonnes de bois finement travaillées de toutes les couleurs! Ta balade dans les petites rues résidentielles du Plateau Mont-Royal ne fait que commencer, et tu en as déjà plein la vue… Imagine ce que tu verras tantôt! 😉

Tourne à gauche (ouest) sur la rue Villeneuve et marche deux coins.

La petite librairie Henri-Julien marque le coin. Qu’elle soit ouverte ou non, jette au moins un œil dans la fenêtre. L’intérieur est vraiment typique, rempli de livres du plancher au plafond, dans un incroyable fouillis… On dirait presque un décor de film. Comme si on entrait dans la bibliothèque personnelle d’un vieux sage ou d’un sorcier qui accumule les grimoires ancestraux…

Tourne à droite (nord) sur l’avenue Henri-Julien. Puis très vite à gauche (ouest) sur la petite rue Demers. Prière d’être discret et respectueux, car tu pénètres maintenant dans un véritable havre de paix au coeur des résidences des gens!

La rue Demers a progressivement été transformée en ruelle verte remplie d’oeuvres d’art de toutes sortes. Elle fait aujourd’hui partie de mon Top 20 des plus belles à Montréal. Et avec raison! Deux minuscules allées de part et d’autre permettent de la franchir doucement en longeant un jardin central dans lequel le jardinier Jacques Viret a installé un Puits des Désirs…

Mais l’emblème de cette ruelle est sans aucun doute le Moulin-à-vent du Quartier. Et aussi un peu la fameuse maison jaune, qui ajoute une couleur particulière et des rayons de soleil indissociables au charme de l’ensemble…

Traverse l’avenue Hôtel-de-Ville.

La rue Demers retrouve son allure originale, les aménagements floraux ont disparu. Mais on ne sait jamais ce que l’on peut voir en chemin…;)

Tourne à gauche (sud) sur De Bullion.

Tu poursuis ton exploration des petites rues résidentielles à l’ouest de Saint-Denis, le secteur où tu passeras toute la journée. La rue De Bullion n’a rien de spectaculaire. Mais elle offre visiblement un beau cadre de vie verdoyant à ses résidents…

Marche deux coins de rue pour atteindre l’avenue du Mont-Royal.

3) L’avenue du Mont-Royal et le parc du Portugal

Te voilà rendu au coin de la célèbre avenue du Mont-Royal, qui traverse le Plateau d’est en ouest! Piétonnisée durant l’été, elle est alors bondée de monde.

Elle est née où tu te trouves présentement, dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle. On l’appelait alors chemin des Tanneries, car elle reliait le premier noyau d’habitations du quartier, près d’Henri-Julien, aux tanneries où les familles travaillaient, plus à l’ouest.

Aujourd’hui, le secteur est très coloré et vivant, avec un petit look alternatif, comparé au reste de l’avenue qui, dans l’est, est plus conventionnel.

L’artisan glacier est dominé par l’immense murale Art Libre (2018) réalisée par l’Italien Millo.

Tourne à droite et marche vers l’ouest.

Quelques pas plus loin tu aperçois rapidement une autre immense murale, au fond d’un stationnement. L’oeuvre de Benny Wilding (2015) montre notamment l’acteur américain Michael Douglas dans son mémorable rôle de l’Enragé.

Quelques façades colorées se succèdent ensuite, notamment celle du Paul Boutique.

Franchis l’avenue Coloniale et tourne à gauche (sud) sur celle-ci.

Après quelques pas, tu passes devant cette œuvre de street art que j’adore : Astérix en habit de Batman, avec sur son torse le logo de la ville transformé en chauve-souris!

Puis, sur ta droite, un court sentier verdoyant cache la murale L’espace entre nous (2020), réalisée par Cyndie Belhumeur. En lettres attachées sur fond noir, on peut lire les mots d’Évelyne de la Chenelière, auteure montréalaise de nombreuses pièces de théâtre. Une réflexion sur ce qui lie les gens entre eux, exprimée à l’époque de la pandémie… Tu vois : l’art est partout, ici. Et ça ne fait que commencer! 😉

Poursuis ta marche jusqu’à la rue Marie-Anne.

Sur le coin se dresse une maison brutaliste (1990) qui détonne dans le quartier. Conçue par l’architecte Jacques Rousseau, l’imposante structure en béton armé de la maison Coloniale est entrecoupée de grandes fenêtres qui donnent sur la cuisine et la salle à manger. Une partie des murs extérieurs est aujourd’hui couverte de plantes grimpantes. On raconte que c’est un voisin, qui détestait la maison et la comparait à une prison, qui aurait planté la première vigne près des fondations, espérant la cacher 😉

Traverse Marie-Anne et tourne à droite (ouest) sur cette dernière.

Un coin suffit pour arriver au parc du Portugal, à son kiosque et à ses tuiles colorées typiques du pays. Il témoigne de la présence d’une forte communauté portugaise dans le quartier, depuis les années ‘60.

D’ailleurs, sur le coin sud-ouest du parc, tu peux voir une immense murale consacrée à Amalia Rodrigues, une importante chanteuse portugaise qui, au siècle dernier, a popularisé le fado, un genre musical mélancolique et nostalgique né à Lisbonne. À sa droite, on reconnaît les azulejos bleues qui ornent tellement d’églises de son pays.

Rainha do Fado (2020), de Paulo Carreira

Mais il n’y a pas que la chanson portugaise qui est à l’honneur ici. Dans le parc, lors de mon passage, on pouvait voir sur une poubelle cette œuvre de street art…

…qui, elle, rappelle que le chanteur montréalais Leonard Cohen a longtemps vécu en face du parc. Il a en effet possédé une maison du côté sud pendant les 40 dernières années de sa vie (maison de droite, sur la photo) :

Traverse le parc pour rejoindre le boulevard Saint-Laurent.

Non seulement ce boulevard traverse l’île de Montréal du nord au sud, mais c’est également à partir d’ici que les adresses des rues transversales commencent à zéro puis montent respectivement vers l’est et vers l’ouest. Au point où on l’a surnommé « La Main », ou rue principale. Il faut dire que c’est la première artère a être sortie des fortifications de la ville en 1672 pour progressivement monter, au début du XVIII ième siècle, vers la campagne. Par la suite, beaucoup de communautés immigrantes s’installèrent dans cet axe : les Chinois dans le bas de la ville, les Portugais où tu te trouves présentement, les Juifs dans le Mile-End et les Italiens plus au nord. Cet axe a aussi longtemps servi de repère pour séparer les quartiers anglophones et allophones (à l’ouest) et les quartiers francophones (à l’est).

Aujourd’hui, la portion de cet important boulevard que tu as devant toi est très vivante, coloré, bigarrée. Tout le monde s’y côtoie, dans un joyeux mélange des genres qui représente bien, je trouve, l’ouest du Plateau Mont-Royal. L’été, l’artère est souvent piétonnisée et envahie de kiosques de toutes sortes : ventes à rabais, terrasses improvisées, scènes musicales, kiosques alimentaires pour manger sur le pouce.

Dirige-toi au coin de Marie-Anne, à ta droite.

La Main est aussi l’épicentre du street art à Montréal. C’est ici qu’est né en 2013 le premier festival Mural, avec le désir de démocratiser l’art urbain. Et c’est réussi. Chaque année, en juin, une vingtaine de nouvelles murales apparaissent, créées par des artistes d’ici et du monde entier. Et plus d’un million de visiteurs déambulent dans la rue pour les contempler, mais aussi manger, boire, danser… Cet événement d’envergure est devenu si important qu’il a donné le goût à tous les quartiers de la ville d’avoir ses propres murales.

Ainsi, il te suffit de tourner un peu la tête pour en voir plein. D’un côté, tu peux contempler l’hommage rendu à Aristides de Sousa Mendes, un diplomate portugais installé en France, qui a désobéit à son gouvernement et délivré de nombreux visas à des gens fuyant les Nazis pendant la seconde Guerre mondiale.

De l’autre côté, c’est l’univers imaginaire, fantastique et coloré de Danaé Brissonnet (2020) qui s’offre à tes yeux. Une murale qui transforme complètement notre vision du bâtiment qui forme le coin de rue, au point où elle s’est méritée une place dans le traditionnel et incontournable palmarès annuel des plus belles murales du blogue C’est toi ma Ville.

Traverse le boulevard Saint-Laurent et marche sur Marie-Anne vers l’ouest.

4) Le parc Jeanne-Mance, ses tam-tams et ses grandes demeures

Te voilà en route pour le parc Jeanne-Mance! Tu commences peut-être à avoir faim? Si oui, tu peux commander des churros au Che, un petit resto argentin au coin de Saint-Urbain, et les amener au parc! Plusieurs choix sont possibles, notamment au chocolat et au dulce de leche… Menoum!

Marche un coin de plus (ouest) jusqu’à l’avenue de l’Esplanade.

À ta droite, le Projet Casa prend place dans une belle demeure bourgeoise de 1912, au revêtement blanc en terre cuite vernissée.

Le couple propriétaire, amateur d’art visuel contemporain, ouvre gratuitement son rez-de-chaussée aux visiteurs pour présenter des expositions consacrées à des artistes contemporains en début de carrière! Donc : n’hésite pas à entrer faire un tour…

Tourne à gauche (sud).

L’avenue de l’Esplanade aligne une série d’imposantes résidences aux styles éclectiques. Comme ces deux triplex, avec leurs grands et larges escaliers extérieurs, leurs fenêtres en oriel et surtout leurs lignes de briques si marquantes. Pas surprenant d’apprendre qu’ils ont été conçus par l’architecte Dalbé Viau (1910), qui a ensuite travaillé sur l’Oratoire St-Joseph, l’hôpital du Sacré-Coeur et le Collègue Jean-de-Brébeuf…

Tout le long de l’avenue, les résidences ont été construites en retrait du trottoir. Ce dégagement permet l’aménagement de cours à l’avant, ce qui donne encore plus de panache et de prestige à l’ensemble, qui profite en plus d’une vue inédite sur le mont Royal.

Un peu plus loin, une autre demeure frappe, avec sa façade de pierre percée d’arcs et ses fenêtres en oriel couronnées au sommet.

Une fois rendu au coin de la rue Rachel, tourne à droite (ouest).

Tu t’enfonces alors dans le parc Jeanne-Mance. La majestueuse allée est bordée de bancs publics et d’arbres matures. De part et d’autre, des groupes se forment sur les pelouses, pour pique-niquer, jouer de la musique, ou simplement profiter du soleil.

C’est peut-être le temps de t’asseoir pour manger les délicieux churros que tu as achetés au Che, tandis qu’ils sont encore chauds? Les longs beignets frits et saupoudrés de sucre et de cannelle sont en fait d’origine espagnole et portugaise. Ceux du Che ont la particularité d’être fourrés au chocolat ou au caramel, au lieu que la sauce soit servie à part dans un gobelet. Quel régal!

Au bout de l’allée, tu devines bientôt la présence d’un large escalier qui monte vers l’avenue du Parc. En t’approchant, la vue se dégage sur le mont Royal, qui apparaît dans toute sa splendeur, avec sa croix au sommet et la statue de l’Ange à ses pieds…

Monte l’escalier et traverse l’avenue du Parc pour aller faire le tour de la statue.

Je l’appelle la statue de l’Ange, comme on le dit entre Montréalais.es, mais en fait, il s’agit d’un monument consacré au Père de la Confédération Sir George-Étienne Cartier (1919). On peut d’ailleurs le voir debout, à l’avant, sur une tribune. Entouré de quatre lions représentant l’Angleterre.

Seize autres statues prennent place autour de la colonne centrale en granit. À l’avant, sous Cartier, quatre femmes représentent les quatre premières provinces entrées dans la Constitution canadienne en 1867. Côté ouest, les cinq provinces suivantes sont également représentées par des femmes, qui se tiennent la main avec délicatesse.

Côté sud, on retrouve une enseignante, une jeune fille qui lit et un garçon qui tient un globe terrestre, symbolisant l’apport de Cartier au domaine de l’éducation.

En regardant les sculptures de près, tu apprécieras sûrement toi aussi leur finesse et les nombreux détails que George William Hill a réussi à intégrer à son œuvre. Le monument n’a d’ailleurs eu aucune misère à se classer dans mon Top 20 des plus beaux de Montréal!

Mais parmi toutes les statues qui l’ornent, celle qui vole la vedette est sans aucun doute l’ange au sommet. À 35 mètres du sol, la Renommée se tient debout sur une sphère, au-dessus des armoiries de la ville, une main vers le ciel, l’autre tenant une couronne de laurier…

Au fil des ans, cet ange a fini par servir de point de repère aux centaines de personnes qui se rassemblent autour du monument le dimanche pour jouer du tam-tam et danser au rythme des percussions. Car oui, depuis plus de 50 ans ont lieu les dimanches tam-tams. Un mouvement spontané qui a débuté à l’été 1970, alors qu’un groupe d’amis musiciens s’installaient au pied de la montagne pour jouer du tambour. Notamment le percussionniste Michel Séguin, qui a déjà travaillé pour Robert Charlebois et Claude Dubois. Ils étaient loin de se douter qu’ils venaient de créer une tradition qui allait perdurer jusqu’au siècle suivant et prendre l’ampleur qu’on lui connaît de nos jours…

La semaine, l’endroit est reposant. Les immenses pelouses du parc du Mont-Royal s’étendent à perte de vue de part et d’autre de l’emblématique monument. Au sud, on peut voir les gratte-ciels du centre-ville avec, à l’avant-plan, le kiosque de musique que l’on appelle maintenant le pavillon Mordecai-Richler.

Reviens sur tes pas : traverse l’avenue du Parc et l’allée, puis tourne à droite (sud) sur l’avenue de l’Esplanade.

Ta découverte de la majestueuse avenue se poursuit! Avec, tout d’abord, le manège militaire. Inauguré en 1914, sa façade néoclassique en briques rouges détonne avec les plex environnants et la demeure toute blanche du Projet Casa… De part et d’autre, des petites tours coiffées de dômes en cuivre dominent la façade.

Sur cette dernière, des écussons rappellent la devise du Québec. Quand même un peu étonnant, pour un bâtiment fédéral abritant un régiment d’infanterie…

Un peu plus loin, on trouve une autre façade de briques rouges : celle d’une coquette maison couverte de bardeaux d’ardoises blanches. Construite en 1892, elle manque un peu d’amour. On sent aussi que des éléments architecturaux mal agencés ont été ajoutés au fil du temps, comme une rampe en aluminium menant à l’escalier principal en bois, et le grand escalier menant au deuxième étage, qui ne devait même pas exister à l’origine. Mais l’ensemble reste quand même mignon…

La résidence voisine (1894) détonne par son traitement architectural monumental. Initialement construite pour le propriétaire d’une des plus importantes industries de cigare de la ville, elle en impose avec son large balcon et sa balustrade massive qui donnent une impression de lourdeur avec les grosses colonnes et la fenêtre en oriel qui les supportent. La façade en crépi est coiffée, au sommet, par une corniche à la symétrie irréprochable qui ajoute au caractère formel de l’ensemble.

Tourne à gauche (est) sur l’avenue Duluth.

5) Le parc Devonshire et les murales environnantes

Ta visite se poursuit. Au coin de St-Urbain, tu passes devant le café Santropol, une institution dans le quartier depuis 1976. Spécialisé dans les soupes maison et les immenses sandwichs, on déguste ses plats (souvent végan ou végétariens) dans sa cour arrière, agrémentée d’un petit étang, de miroirs et d’arbres. Un véritable havre de paix! Tu peux jeter un œil à travers sa clôture en passant…Ou carrément en profiter pour casser la croûte!

Traverse la rue Saint-Urbain et tourne à droite (sud) sur celle-ci.

De l’autre côté de la rue, tu peux mieux contempler l’édifice abritant le café, qui est à la fois beau et imposant, avec ses ardoises mauves et son balcon supérieur en coin! Avec les habitations voisines, il forme un petit îlot résidentiel qui a survécu à la démolition et qui se tient debout encore aujourd’hui, entouré par l’immense stationnement d’asphalte de l’Hôtel-Dieu de Montréal.

Marche deux coins de rue…

…et traverse la rue Saint-Cuthbert.

De l’autre côté de Saint-Urbain se dresse toujours les différents pavillons du plus vieil hôpital de Montréal (1861). Il n’y subsiste aujourd’hui que quelques cliniques externes et services administratifs. Pendant la pandémie, les locaux vides de l’ancienne urgence et les chambres ont momentanément repris du service. Petite curiosité au passage : si tu jettes un œil entre les pavillons, tu remarqueras peut-être au loin l’Imploreur (2010), agenouillé au pied de la passerelle de béton. Le grand personnage en acier inoxydable créé par Mathieu Isabelle implore Dieu de l’aider à se détacher des choses matérielles et de sa petite personne, pour trouver la force d’aider les autres dans le besoin…

Tourne à gauche (est) sur Saint-Cuthbert puis à droite (sud) sur Sewell.

Je te fais passer par cette petite rue pour te montrer quelque chose de précis : regarde sous les balcons! Les supports en bois sont magnifiques, non? Une série de maisons en possèdent sur cette portion de la rue Sewell…

Marche jusqu’au parc et tourne à gauche (est) pour le traverser.

Tu passes tout d’abord à côté de la statue d’un grand poète roumain, Mihai Eminescu, inaugurée en 2004 pour marquer les 100 ans de la présence de la communauté roumaine au Québec.

une œuvre de Vasile Gorduz

Puis, tu découvres les longs bancs et les tables du petit parc Devonshire, très fréquenté par les résidents du coin depuis son réaménagement en 2019.

Une large fontaine prend les allures d’une cascade d’eau agrémentée de grosses pierres, quelque chose qu’on voit rarement dans les parcs à Montréal!

De l’autre côté du parc, tu rejoins la rue Clark. Tourne à gauche (nord) sur celle-ci.

La rue Clark présente aussi quelques résidences avec de beaux supports en bois pour soutenir ses balcons…

Une fois revenu à la rue Saint-Cuthbert, une magnifique murale de Five8 (2015) marque le coin. Le dégradé de couleur et l’éclairage du néon qui se réverbère sur le visage sont particulièrement réussis!

Tourne à droite (est) sur Saint-Cuthbert.

Au coin de Saint-Laurent, la murale d’Alex Scaner (2014) surprend, avec son personnage squelettique côtoyant le logo de Montréal…

Mais aussi avec son diable et son dieu, tenus comme des marionnettes, qui semblent se disputer le destin de l’humanité en jouant à roche, papier, ciseaux. Il a de l’humour, cet artiste! 😉

Traverse le boulevard Saint-Laurent et tourne à gauche (nord).

Tu ne seras sûrement pas déçu de retrouver le mythique boulevard et son effervescence. Parlant de ça, tu aperçois justement la foule faire la file devant la célèbre charcuterie Schwartz’s, mentionnée dans tous les guides touristiques montréalais en raison de ses sandwichs de viande fumée. Elle a été ouverte en 1928 par des frères roumains et juifs. Les « smoke meats », comme on les appelle couramment, sont maintenant répandus dans plein de restos à Montréal.

Tourne à droite (est) sur la rue Napoléon.

Comme je te le racontais, les murales ne manquent pas dans ce secteur de la ville, avec le festival Mural qui les renouvelle chaque année. D’un côté de la rue Napoléon, de belles fleurs (2020) resplendissent grâce au talent de Fvckrender et Jeremy Shantz.

De l’autre côté, Fluke rend un bel hommage (2017) au joueur de baseball Jackie Robinson qui a d’abord joué pour les Royaux de Montréal, avant de devenir le premier homme noir à évoluer dans la ligne majeure américaine de 1947 à 1956. Faut-il le rappeler : les propriétaires de clubs ont interdit l’accès aux sportifs de cette communauté pendant 60 ans! Incroyable…

Au coin de Saint-Dominique, un autre hommage, grandiose, est fait cette fois à Leonard Cohen (2017), le chanteur dont tu as vu l’ancienne maison tantôt. La ressemblance avec l’artiste est frappante, on reconnaît l’expression de son visage. Une œuvre réussie du Montréalais Kevin Ledo.

Tourne à gauche (nord) sur la rue Saint-Dominique et marche jusqu’à l’avenue Duluth. Tourne à droite (est) sur cette dernière.

6) L’avenue Duluth

L’avenue Duluth jouit d’un emplacement stratégique, en reliant le mont Royal au parc Lafontaine, ce qui en fait un lieu de promenade privilégié. C’est peut-être la raison pour laquelle elle a été une des premières à Montréal à proposer, dès 1982, un espace partagé entre autos et piétons. La chaussée et les trottoirs sont pratiquement au même niveau, les surfaces sont pavées, et des bacs à plantation sont disposés de sorte à inciter les automobilistes à ne pas rouler trop vite. Depuis peu, elle est désormais piétonnisée pendant l’été, ce qui ajoute à son charme. Et du charme, elle n’en manque pas. L’avenue est colorée, grâce à ses terrasses…

murale Summer Camp 67 de Whatisadam (2018)

…et à ses petits commerces.

Quelques commerces attirent l’attention. Les plus vieux (comme le Café Central) sont souvent d’origine portugaise, cette communauté étant établie dans le secteur depuis longtemps. En face du café Chat l’heureux, où on peut s’attabler entouré de chats, on trouve la terrasse multicolore de Chez José Café.

L’intérieur du commerce portugais ne manque pas de couleurs non plus.

On y sert de délicieux brunchs et sandwichs depuis plus de 25 ans. Comme cette omelette de style mexicain servie dans une tortillas avec son poulet, son cheddar et sa guacamole…

Continue à marcher vers l’est.

Ta visite se poursuit sur la sympathique avenue Duluth…

Tu passes devant ce message de paix, qui rappelle que la guerre fait toujours rage en Ukraine.

La grande demeure sur laquelle il se trouve est pour moi l’emblème de l’avenue. Elle marque avec éclat le coin de l’avenue Laval avec sa façade blanche, ses balcons, ses colonnes et ses corniches de bois bleues. Au rez-de-chaussée s’est établie Françoise Sailou, maître-verrier qui exerce sur l’avenue depuis plus de 40 ans!

De l’autre côté de l’avenue Laval, tu peux apercevoir une place publique, dominée par une murale reprenant des éléments architecturaux et culturels du quartier. Tu peux t’amuser à les trouver. Après quelques instants, tu reconnaîtras peut-être les figures de l’auteur Michel Tremblay et du poète Émile Nelligan. Ou encore la statue de l’Ange et la tourelle du manège militaire des Fusilliers du Mont-Royal que tu verras tantôt…

murale de Benjamin Picard, Mylène Chabot, MathieuVouters et Marie Gosselin (2014)

Dans un prochain article consacré au coeur du Plateau Mont-Royal, je t’amènerai plus loin sur l’avenue Duluth, afin de te faire découvrir les bons restos et les belles terrasses qui s’égrènent jusqu’au parc Lafontaine. Mais pour l’instant, je t’invite à découvrir deux des plus belles avenues du quartier!

Tourne à droite (sud) sur l’avenue Laval.

7) Les belles avenues : Laval et De Bullion

Bienvenue sur une des plus belles avenues du Plateau Mont-Royal! Du côté est, trois demeures attirent assez vite ton attention, grâce à leurs vestibules multicolores qui se succèdent…

Remarque le travail du bois, même au-dessus des fenêtres!

Les lucarnes et les portes qui permettent de sortir sur le balcon du deuxième étage sont couvertes de tôles arrondies, ce qui donne un effet étonnant!

Du côté ouest de l’avenue, les couleurs ne manquent pas non plus. Remarque les supports des balcons!

Puis, une série de demeures bourgeoises avec façades en pierre grise se succèdent…

…avec leurs colonnes et les frontons élaborés qui couvrent leurs portes et fenêtres du deuxième étage… Ces deux-là ont été construites en 1887!

Encore une fois, tu peux admirer le travail du bois qui a été fait… Un soucis du détail et une complexité qui ne se font plus de nos jours.

Tourne à droite (ouest) sur Napoléon, puis immédiatement à gauche (sud) dans la ruelle qui s’ouvre.

Quittons la rue un instant, pour aller voir ce qui se cache derrière… Pour la deuxième fois aujourd’hui, je t’amène dans une ruelle. Contrairement à tantôt, c’est la dimension culturelle de la ruelle qui frappe le plus.

Les murs et les clôtures sont peints partout, d’oeuvres originales ou de simples graffitis.

Réalisée en 2016, cette ruelle change tout le temps, dépendamment de la créativité de ses résidents. Mais quoi qu’il arrive, elle ne perd jamais son côté très urbain qui, comme tu peux le découvrir, foisonne de détails…

Au bout, tourne à droite (ouest) pour sortir de la ruelle, puis encore (nord) sur l’avenue Hôtel-de-Ville. Tourne ensuite à gauche (ouest) sur Napoléon, puis encore (sud) sur De Bullion.

Te voilà rendu sur une autre des plus belles rues du quartier : De Bullion. En plus, j’ai choisi la plus belle section de cette rue, qui commence par une série de demeures colorées du côté est de la rue. Elles sont toutes munies d’escaliers extérieurs, de colonnes et de lucarnes arrondies!

Puis arrivent les demeures dotées d’escaliers plus larges et de vestibules à portes doubles!

Encore là, il y a tellement de détails à admirer…

Parfois, une entrée qui mène au sous-sol juxtapose l’escalier. Tu peux aussi apercevoir une œuvre de Glen LeMesurier, un prolifique artiste que je t’ai présenté dans mon article sur le Mile-End.

Triffids (2009)

Marche jusqu’à la rue Roy et tourne à droite (ouest) sur celle-ci.

8) Deux rues transformées

Après avoir testé un aménagement temporaire pendant plusieurs années, cette portion de la rue Roy est définitivement piétonne depuis 2022. Des bancs, tables et bacs de plantation ont été installés…

…de même que des podiums avec dossiers roses qui ajoutent une touche vivante aux terrasses Roy! On aime beaucoup piétonniser les rues, sur le Plateau Mont-Royal…

Tourne à gauche (sud) sur l’avenue Coloniale et marche jusqu’à l’avenue des Pins.

Soyons honnête : jusqu’à récemment, l’avenue des Pins était une des plus laides du quartier, froide et grise. Mais les trottoirs ont été élargies, 160 arbres ont été plantés et des pistes cyclables ont été aménagées. De telle sorte qu’elle est bien plus agréable qu’avant! Une autre rue transformée pour le mieux…

Le Théâtre de Quat’Sous, en face de toi, a été le précurseur de ce mouvement de transformation avec sa reconstruction complète en 2009. L’ancien théâtre, aménagé dans une synagogue, n’avait ni fenêtres, ni salle de bain. Aujourd’hui, le nouvel édifice élève dans les airs ses façades de verre et d’aluminium blanc perforé. Sur le côté, un avant-corps en ardoise gris foncé rappelle le toit à mansarde de l’ancien théâtre. Et dire que c’est ici que beaucoup de Montréalais.es ont découvert Yvon Deschamps, Claude Léveillé et Jean-Louis Millette, au siècle dernier!

Tourne à droite (ouest) sur l’avenue des Pins et marche jusqu’au boulevard Saint-Laurent.

Au coin de Saint-Laurent, une nouvelle murale vient de recouvrir l’ancienne qui était là depuis une dizaine d’années. Mais avec quel bonheur! Car pour la première fois à Montréal, à ma connaissance, ce sont les mêmes artistes qui ont fait la murale, sur le même mur, et… en reprenant le même personnage! La fameuse « mémé de la Main » a subit une cure de rajeunissement avec sa robe multicolore et ses lunettes fumées. Plus que jamais dans le vent (et bronzée!), elle porte toujours au cou le médaillon de la ville… On adore! 🙂

une murale du collectif projet TYXNA.

Traverse-le boulevard et tourne à gauche (sud).

9) Le boulevard Saint-Laurent

Juste après avoir franchi la rue Guilbault, il se peut que tu passes devant la façade du petit resto Singh’s Cuisine indienne sans t’en apercevoir. Et pourtant : ce serait une grave erreur! Car il s’agit d’un des meilleurs restos indiens à Montréal!

Tout est bon : le poulet au beurre, l’agneau Rogan Josh, le poulet korma, le riz au coco râpé, les pains naans… Les sauces sont remplies d’épices fraîches, parfois de graines complètes (comme celles de cardamome), ce qui peut déstabiliser les non-habitués, mais prouver aux connaisseurs qu’on a affaire à des plats de qualité.

Certains employés du resto familial ne parlent malheureusement pas français, mais ils le comprennent et affichent toujours sourire et gentillesse. Le décor est joli et fait voyager. Et en plus, c’est un « apportez votre vin »! Impossible de demander mieux…

Continue à marcher sur Saint-Laurent.

Du côté est, une petite place publique (2018) rend hommage à Joseph-Édouard Guilbault, fondateur du premier jardin botanique et zoologique de Montréal. C’est pourquoi on y trouve des hippopotames roses… Ces derniers s’harmonisent d’ailleurs très bien avec les personnages de la murale du new-yorkais Buff Monster qui se trouve derrière.

Des petits îlots de verdure et du mobilier urbain permettent de profiter des lieux.

De ton côté du boulevard, une interminable série d’immeubles collés les uns aux autres crée une certaine uniformité. Les deuxième et troisième étages sont toujours composés respectivement de trois fenêtres cintrées et de quatre fenêtres rectangulaires.

Ils forment, au final, une longue façade commune de pierre grise qui contraste énormément avec le rez-de-chaussée aux boutiques psychédéliques.

Ces dernières caractérisent assez bien ce secteur du boulevard…

…qui ne manque pas d’originalité.

Poursuis ta marche jusqu’à la rue Prince-Arthur.

10) La rue Prince-Arthur

Au coin de Prince-Arthur, tu trouves une nouvelle occasion de manger! Si tu regardes à droite, tu peux voir à côté de la banque une curieuse vitrine remplie de plantes, celle du restaurant vietnamien Au 14. J’ai très souvent passé devant sans jamais entrer. Soyons honnête : le treillis métallique qui remplit la vitrine me donnait l’impression que c’était un commerce douteux, et le fait de ne pas voir à l’intérieur à cause des plantes m’insécurisait. Puis, un jour, j’ai osé pousser la porte, après avoir vu leur menu sur internet. Et quelle découverte!

Les tables sont modestes, mais la vitrine de plantes prend une toute autre dimension une fois assis à l’intérieur, c’est agréable. Le resto familial géré par trois générations depuis plus de 45 ans offre des plats généreux et peu dispendieux. Quelque chose de rare ces jours-ci. Et on mange quoi? En entrée, le rouleau de printemps au porc et aux crevettes est frais et goûteux. Les raviolis à la sauce aux arachides sont aussi très bons.

Comme plat principal, j’ai un faible pour le poulet gingembre et caramel, une spécialité de la famille. La sauce est onctueuse, légèrement piquante, et sucrée-salée.

Tourne à gauche (est) sur la rue Prince-Arthur.

De ce côté, la rue devient piétonne, pour le plus grand plaisir des passants. Si tu n’es pas passé ici depuis quelques années, tu seras surpris, car les aménagements ont été complètement refaits en 2017. Du nouveau mobilier public a été installé, des arbres ont été plantés…

…et surtout, le plus grand changement : les terrasses des restos-bars se trouvent maintenant au centre de la rue et non sur les côtés! Un concept que j’ai souvent vu en Europe. Le Dispensaire – microbrasserie a visiblement tiré profit de cette nouvelle configuration, lui qui n’offrait avant ses bières que pour emporter…

La Casa grecque s’est elle aussi adaptée, avec sa pancarte qui invite les piétons à faire attention aux serveurs qui font des aller-retour jusqu’aux tables…

Les habitués de la rue retrouvent quant à eux leur petite fontaine.

Et comme partout ailleurs sur le Plateau, on ne sait jamais sur quel petit détail original on va tomber, comme cette œuvre murale d’allure végétale de Mister Ride 😉

Le bout de la rue débouche sur le Carré Saint-Louis, que tu découvriras bientôt avec plaisir, j’en suis sûr!

11) Le Carré Saint-Louis

Mais avant, tu retrouves la fameuse avenue Laval… Et ca vaut la peine d’y faire quelques pas.

Tourne à droite (sud) sur celle-ci.

Tout d’abord, pour jeter un œil sur la maison Marences-de-Rosay (1895), de style Queen-Anne, qui en impose avec sa tourelle fenestrée sur plusieurs côtés, coiffée d’un toit conique. Sans oublier ses balcons dotés de nombreuses colonnes blanches et de deux frontons…

Deux maisons plus loin, il faut aussi aller lire la pancarte qui nous informe que le poète Émile Nelligan a grandi sur cette avenue… Avant d’être interné pour schizophrénie à l’âge de 19 ans. Drôle de destin, qui contribua probablement aussi à en faire un véritable mythe. Il aura quand même eu le temps d’écrire plus de 160 poèmes! Je te montrerai son buste tantôt…

Enfin, quatre portes plus loin, tu peux admirer la maison Pierre-Desforges (1901)… La partie basse en pierre est marquée par un portique néo-roman, alors que la partie haute en cuivre possède de nombreux ornements victoriens.

Notamment, sur la tour d’angle, une tête de lion avec l’année de construction de l’imposante demeure. Intéressant, non?

Ce ne sont là que quelques exemples des somptueuses résidences que tu peux admirer ici. Il faut dire que le secteur du Carré Saint-Louis était, au siècle dernier, l’épicentre de la bourgeoisie canadienne-française. Et encore aujourd’hui…

Reviens sur tes pas et traverse l’avenue pour entrer dans le square.

En direction de la vespasienne, tu remarques le buste (2005) du célèbre poète montréalais dont je te parlais il y a quelques instants.

Émile Nelligan n’est pas le seul artiste à avoir habité le coin. Plus récemment, le Carré Saint-Louis a vu passer Pauline Julien, Gérald Godin et Gilles Carle. L’auteur Michel Tremblay a quant à lui longtemps résidé sur le côté sud du square, au coin de l’avenue Henri-Julien. Il occupait le dernier étage de l’ancien hôpital Voghel.

La vespasienne du square a été transformée en petit café qui jouit d’un cadre agréable pour se reposer.

Au centre, la magnifique fontaine du XIXe siècle est composée de deux vasques montés sur des colonnes décorées de feuilles d’acanthe. L’ensemble repose sur un socle disposé au centre d’un bassin rempli d’eau. Par temps dégagé, les rayons du soleil font resplendir les jets d’eau, alors que les gens assis sous les arbres profitent de l’ombre pour se rafraîchir. Cette fontaine, très connue des Montréalais.es, s’est classée sans difficulté dans mon Top 15 des plus belles à Montréal!

Sors du Carré Saint-Louis par le côté nord.

De belles maisons colorées de style victorien survivent au passage du temps. Les plus remarquables sont celles près de l’avenue Laval, avec leurs imposantes lucarnes…

Et celles près de l’avenue Henri-Julien, avec leurs tourelles coiffées de clôtures en fer forgé. Dans les deux cas, la partie basse des résidences, dotée d’un mur en pierre grise, est séparée de la partie haute, plus colorée, par une magnifique corniche ouvragée. De toute beauté!

Impossible aussi de ne pas voir, justement au coin d’Henri-Julien, GO Girls, une grande murale créée par Le Monstr (2018). Qui parle de quoi? Des femmes qui prennent de plus en plus leur place en société…

Emprunte l’avenue Henri-Julien (nord) qui se trouve devant toi.

12) La ruelle champêtre et le manège militaire

Après quelques pas, une entrée de ruelle très discrète s’ouvre à ta droite. On ose à peine la franchir…

Pénètre dans la ruelle (est). Prière d’agir avec respect pour les résidents.

Mais une fois les premiers pas faits, on découvre un petit havre de paix (il y en a beaucoup sur le Plateau, hein?) 😉

Tourne immédiatement à gauche (nord) dans la ruelle.

Les résidents riverains bichonnent leur ruelle depuis maintenant 20 ans, et ça parait!

La ruelle champêtre Henri-Julien/Drolet est très verte et fleurie.

Lors de mon dernier passage, il y avait quelques travaux qui cassaient un peu le cadre idyllique habituel. Mais on trouvait quand même une petite bibliothèque en libre-service au bout de la ruelle…

…et quelques espaces de détente pour permettre aux résidents de profiter de leur ruelle.

Au bout, la ruelle bifurque à droite et débouche sur la rue Drolet.

Tourne à gauche (nord) sur Drolet et marche jusqu’à l’avenue des Pins.

Te voilà en train de croiser ton deuxième manège militaire du jour, celui des Fusiliers du Mont-Royal.

Ses tourelles sont impressionnantes! L’édifice, construit en 1910, a décidément des airs médiévaux, tu ne trouves pas?

Tourne à droite (est) sur l’avenue des Pins et marche jusqu’à la rue Saint-Denis.

Le coin St-Denis est un peu déstructuré présentement. De nouvelles constructions ont lieu à ta gauche et l’ancienne école des métiers de l’automobile de Montréal à ta droite est en décrépitude. Mais le cadre bâti devrait bientôt s’améliorer.

Traverse de l’autre côté de la rue Saint-Denis et tourne à droite (sud).

Sans trop le savoir, tu es en train de parcourir la section de la rue Saint-Denis la plus vieille (début du XIXe siècle). L’ancienne et imposante Institution des Sourdes-Muettes (1900), de style Second Empire, se tient encore debout avec son dôme. Mais pour combien de temps?

Car il est malheureusement vide depuis 2015 et entre en décrépitude. On étudie toujours de quelle façon l’édifice pourrait être requalifié… Personnellement, j’ai hâte de voir ce qu’on fera de tout l’espace asphalté qui se trouve devant et qui déstructure le secteur. Quand on marche sur St-Denis et que les demeures centenaires défilent l’une après l’autre, on arrive entre Roy et Cherrier et on a l’impression de tomber dans le vide, une véritable rupture de la trame urbaine dans laquelle le vent s’engouffre l’hiver pour nous glacer le sang. On veut juste passer devant l’Institut le plus vite possible pour retrouver les résidences et les commerces. Espérons que les clôtures tomberont et que cet espace sera verdi et ouvert aux passants, pour qu’on puisse s’y asseoir, admirer l’édifice et en profiter un peu…

Poursuis ta marche (sud).

Le Café Cherrier occupe le coin de rue suivant, une véritable institution dans le quartier qui vient de fêter ses 40 ans. On y trouve une cuisine française typique : onglet de bœuf grillé, croque-monsieur, tartare de bœuf…

Parlant de cuisine, au coin suivant se dresse l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec (ITHQ). Véritable citron architectural au départ, l’édifice s’est tant bien que mal refait une beauté en 2004. On y trouve un restaurant et un hôtel-école quatre étoiles ouverts au public qui permettent aux étudiants d’apprendre leur futur métier.

Au pied de son basilaire de verre, tu peux apprécier Quatre brins d’herbe d’acier de 10 mètres de haut, peut-être des herbes aromatiques pour agrémenter les plats de l’Institut? 😉

une œuvre de Jacek Jarnuszkiewicz (2004)

Et voilà : ta journée de découvertes s’achève! Tu peux jeter un dernier œil de l’autre côté de la rue, sur le Carré Saint-Louis, avant de tourner à gauche pour t’engouffrer dans le métro. Car sous l’ITHQ se trouve la station de métro Sherbrooke (ligne orange) qui te ramènera à la maison. À moins que tu préfères en chemin revenir à la station Laurier pour te taper de bons petits plats grecs bien mérités à l’Ouzeri? Hum…

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J’espère que tu as aimé ta balade sur le Plateau, véritable musée d’art à ciel ouvert! Je te propose d’autres circuits dans le même arrondissement, au Mile-End et dans Milton-Parc. En plus de 25 autres quartiers à Montréal, d’Hochelaga à Outremont, en passant par Villeray, Côte-des-Neiges et Verdun. De quoi faire plein de découvertes étonnantes pendant des mois et des mois, aux quatre coins de la ville! Ton aventure ne fait que commencer, si tu oses…

Et surtout, n’hésite pas à t’abonner à mon blogue pour être averti.e par courriel lorsque de nouveaux articles sortiront… Car je te réserve encore plein de nouveaux itinéraires, y compris dans l’est et le nord du Plateau Mont-Royal!

Bonne visite! Et à bientôt…:)

La page Facebook de Mes Quartiers, tenue conjointement avec le blogue C’est toi ma Ville: deux façons de découvrir encore plus Montréal!